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La ségrégation sociale liée à la pratique du redoublement

Le Vif

Si elle veut efficacement s’appuyer sur l’école pour parvenir à une plus grande égalité sociale, la Fédération Wallonie-Bruxelles ne peut se contenter de réguler les inscriptions, mais doit en même temps combattre l’échec scolaire et la pratique du redoublement, juge lundi le think tank Itinera.

Comme diverses études internationales l’ont montré, le niveau de réussite scolaire est fortement influencé chez nous par l’origine sociale des élèves, ce qui fait de l’enseignement belge (francophone en particulier) l’un des plus inégaux au monde. Or, estime Itinera, cette forte ségrégation sociale de l’école francophone est moins liée à un éventuel tri effectué par les écoles à l’entrée qu’à la pratique très courante du redoublement qui voit les élèves les plus faibles -souvent issus de milieux modestes- finalement relégués vers des filières techniques ou professionnelles. « Le taux de redoublement en Communauté française est le triple de la moyenne de l’OCDE et le double de celui de la Communauté flamande », note Itinera. « Donc, organiser la mixité sociale à l’entrée est une condition nécessaire mais insuffisante du maintien de la mixité sociale à la sortie au terme de l’année scolaire ».

Même s’il n’est pas opposé au principe d’un régime d’inscriptions centralisé comme il en existe en 1ère secondaire en Fédération Wallonie-Bruxelles, le think tank estime d’ailleurs, sur base d’une initiative similaire prise il y a dix ans en Flandre, qu’il convient de « rester modeste sur la capacité des mécanismes d’inscription à améliorer significativement la mixité sociale ». Déplorant que les autorités publiques focalisent souvent leur action sur des questions de structure de l’enseignement (rallongement du tronc commun, pertinence des réseaux, etc.) ou de financement (financement différencié pour les écoles à public moins favorisé), Itinera estime au contraire que la priorité politique devrait aller au « développement et à l’amélioration des pratiques pédagogiques, à une amélioration constante du travail en classe, et au développement de la participation des parents et des élèves aux projets pédagogiques d’ensemble ». Les directeurs d’établissement scolaire devraient ainsi devenir les « pilotes du navire » plutôt que les « gestionnaires des procédures administratives ». Mais « pour cela, il faut accroître l’autonomie des directions d’école et des équipes pédagogiques sur la gestion des méthodes pédagogiques, des ressources humaines et des ressources financières », recommande le think tank.

Or, « en Communauté française la priorité politique est inversée puisque la majorité (70%) des réformes concerne des politiques de structures ou de ressources. Pire, les directeurs en Communauté française ne consacrent que 15% de leur temps aux pratiques pédagogiques contre 40% dans les systèmes scolaires les plus performants », constate l’étude.

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