La ministre de la Mobilité, Jacqueline Galant © BELGA

La sécurité à Brussels Airport est « non-conforme, avec des déficiences graves »

La sécurité dans les aéroports belges respecte « totalement » les règles imposées internationalement, a assuré mercredi la ministre de la Mobilité, Jacqueline Galant, sous le feu de critiques de l’opposition, dont les partis écologistes, qui dénoncent, sur la base d’un rapport critique de la Commission européenne, le fait que les contrôles réalisés dans le passé en matière de sécurité aéroportuaire étaient « non-conformes », avec des « déficiences graves ».

« A ce jour, la Commission européenne a toujours attesté de la qualité du travail réalisé par la DGTA (la Direction générale du Transport aérien, une administration dépendant du SPF Mobilité et Transports), en particulier par les inspecteurs aéronautiques », a-t-elle affirmé en commission de l’infrastructure de la Chambre en réponse à des questions sur la sécurité aéroportuaire après les attentats du 22 mars.

Mme Galant (MR) a souligné que la politique de sécurité à l’aéroport de Bruxelles-National « faisait régulièrement l’objet d’inspections et d’audits réalisés par la Commission européenne et l’OACI (Organisation internationale de l’Aviation civile) ».

Les partis Ecolo et Groen ont pour leur part découvert et publié le dernier rapport – confidentiel – de la Commission européenne qui date de 2015 et qui indique, selon les Verts, que la DGTA-Sûreté se trouve dans l’incapacité d’effectuer le nombre requis d’inspections par manque de ressources.

Ils ont également mis la main sur un mail interne au cabinet de la ministre qui indique que ce dernier souhaite réclamer des moyens supplémentaire pour financer la lutte contre le terrorisme au sein de Belgocontrol, l’entreprise publique chargée de la gestion et du contrôle aérien en Belgique. Les conclusions du rapport de l’exécutif européen sont édifiantes: dans la majorité des compétences examinées par la Commission et portant sur les années 2013 et 2014, la Belgique est jugée « not compliant, with serious deficiencies » (en français « non-conforme, avec des déficiences graves »), ont expliqué les écologistes dans un communiqué. Selon eux, la DGTA-Sûreté se dit elle-même incapable de remplir ses missions, faute de moyens : elle ne dispose que de six inspecteurs.

Mme Galant (MR) a toutefois annoncé mercredi devant les députés qu’un inspecteur supplémentaire avait été prévu dans le plan de personnel de 2015. Pour la Commission, la DGTA-Sûreté, la division chargée de vérifier notamment les mesures de sûreté dans les six aéroports du pays, par les compagnies aériennes belges et étrangères, ainsi que par les sociétés de fret fait preuve d’une incapacité systémique d’effectuer le nombre requis d’inspections par manque de ressources. Elle ne dispose pas des outils nécessaires pour réaliser correctement ses missions.

Les systèmes de détection d’explosifs à Brussels Airport « ne sont pas contrôlés sur une base régulière »

Le rapport pointe plusieurs exemples: il n’y a pas de plan national de sûreté, pas d’inspecteurs mandatés, la politique de formation du personnel est défaillante au sein de ce qui s’appelle en anglais « Belgian Civil Aviation Authority » (BCAA). Le rapport pointe ainsi le fait que les systèmes de détection d’explosifs à Brussels Airport « ne sont pas contrôlés sur une base régulière », tout comme les chiens censés détecter des explosifs. Le rapport, datant du 28 avril 2015, recommande aux autorités belges de s’attaquer aux déficiences découvertes et de soumettre un plan d’actions pour rémédier aux cas de non conformité constatés.

Mais les écologistes ont aussi dénoncé le fait que le cabinet de Mme Galant ait « purement et simplement rejeté » une demande de son administration, le SPF Mobilité, de consacrer à l’augmentation des effectifs de la DGTA-Sûreté une partie de l’enveloppe de 400 millions d’euros débloqué par le gouvernement fédéral à la suite des attentats de Paris du 13 novembre 2015 pour lutter contre le terrorisme. « Bien plus grave, la ministre a demandé une part du budget de 400 millions pour renflouer les caisses de Belgocontrol, qui est systématiquement en perte financière, mais qui n’a aucune compétence en matière de lutte contre le terrorisme et de prévention des attentats », ont souligné Ecolo et Groen. « Une telle démarche dépasse la simple faute ou un défaut d’appréciation des urgences du moment », a commenté le député Ecolo Benoit Hellings. Les partis d »opposition sp.a, cdH et PS ont également dénoncé l’attitude de Mme Galant, parlant de « négligence » de la part de la ministre par la voix des députées Meryame Kitir et Karine Lalieux.

Dans une réaction envoyée en soirée, Mme Galant a souligné que les rapports de la Commission européenne publiés mercredi par les médias étaient des documents confidentiels à usage restreint. « La publication de ces documents sème le trouble quant au niveau de sûreté des aéroports », a déploré la ministre, qui a souligné que la DGTA avait élaboré un plan de mesures correctives qui a été transmis à la Commission européenne. « Ce plan d’actions s’est déjà largement concrétisé par une série d’avancées positives », a-t-elle ajouté. La ministre s’est également inquiétée des conséquences « de faire connaitre au public les points d’attention d’une enquête réalisée par une autorité européenne ». « Je déplore ces accusations pouvant mettre en doute ma préoccupation première: la sécurité », a conclu Mme Galant.

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