Fanny Constant, secrétaire générale du Conseil de l'enseignement des communes et des provinces (CECP).

La secrétaire générale du CECP démise de ses fonctions

Le Vif

Lors d’une réunion ce vendredi 24 janvier, le Conseil d’administration du CECP (Conseil de l’Enseignement des Communes et des Provinces) a décidé de licencier Fanny Constant, la Secrétaire générale. Elle était en place depuis 2012. Suite à des irrégularités révélées par le Vif/L’Express, la confiance avec le personnel était rompue et l’ambiance délétère qui régnait dans l’institution ont poussé le CA à actionner le couperet.

Ce vendredi 24 janvier 2020, le Conseil d’administration du CECP a mis fin au contrat de Fanny Constant, la Secrétaire générale. Elle était en place depuis 2012.

Depuis le 5 décembre et les révélations du Vif sur des notes de frais injustifiées de Fanny Constant (lire : « CECP, salaires à la carte« , l’ambiance au sein du CECP empirait de jour en jour.

Dès le 11 décembre, un courrier envoyé au Conseil d’administration est signé par des dizaines de travailleurs du CECP. Avec en copie les présidents de parti PS, cdH, MR et Ecolo (les administrateurs sont des élus communaux). Les signataires estiment les faits reprochés « graves, voire gravissimes. Pire, nous les trouvons proprement intolérables ». Les auteurs du courrier se questionnent : « Comment porter le projet de responsabilisation des équipes éducatives si la personne qui nous dirige et représente l’Institution pose des actes à ce point éloignés des valeurs défendues ». L’absence de communication claire du CA les blesse.

Prenant conscience du feu qui couve, le Président Laurent Léonard (PS) convoque une réunion d’information pour l’ensemble du personnel du CECP. Elle se tiendra le mercredi 18 décembre au Centre d’autoformation de la Fédération Wallonie-Bruxelles à Tihange. Entretemps, le 13 décembre, le PTB via Alice Bernard, cheffe de groupe au Parlement de la Fédération Wallonie Bruxelles, avait demandé un remboursement intégral des notes de frais et la démission de Fanny Constant.

Les valeurs bafouées

Tihange, le mercredi 18 décembre, 9 heures du matin. Laurent Léonard se retrouve face à des travailleurs en colère. Deux vice-présidentes du CA sont présentes (Marie-Astrid Attout Berny du MR et Michèle Visart pour Ecolo), ainsi que la secrétaire générale Fanny Constant. Le Président se veut rassurant. Il annonce que deux jours auparavant, le lundi 16 décembre, une AG extraordinaire a enfin voté les comptes 2018 (à l’unanimité moins deux abstentions). Un audit interne a également été mené par un réviseur d’entreprises et les conclusions seraient « très bonnes », à en croire Laurent Léonard. Enfin, un GRH sera engagé pour valoriser et uniformiser les contrats au CECP.

Mais la pilule ne passe pas. Toutes chaleureusement applaudies, les prises de paroles des travailleurs racontent leur tristesse et colère de voir les valeurs de l’institution bafouées, la difficulté de les porter sur le terrain. L’un se dit « proche de la rupture. », une autre « très affectée ». Les reproches concernent les pratiques de la Secrétaire générale, mais également l’absence de communication du CA.

Fanny Constant prend brièvement la parole, défend son bilan et termine son intervention en mentionnant la « formidable solidarité qui règne » au CECP. Pas un seul applaudissement ne ponctue sa prise de paroles. La réunion se termine à 11 heures et c’est évident : rétablir la confiance, restaurer le lien ne sera pas aisée.

Suite à cette rencontre, un deuxième courrier des travailleurs est transmis au CA et aux présidences de parti. Ils demandent une clarification sur les affaires qui secouent le CECP. L’échec de la réunion du 18 décembre est patent : « Les sentiments qui dominent au terme de cette rencontre sont la de?ception, la cole?re, la ge?ne, le mal-e?tre, la frustration et le de?gou?t.  » assurent les 73 travailleurs signataires.

Enfin, dernière salve du personnel, le 7 janvier, tous les Pouvoirs Organiseurs (soit les 266 villes et communes organisant de l’enseignement !) reçoivent ces deux courriers pour information : « Au moment où les conseillers vont intervenir au sein de vos écoles, il nous semblait important que vous soyez informés des tensions qui traversent actuellement l’équipe pédagogique du CECP. »

Deux employés désavoués

Vu ce contexte de défiance qui perdure, vu la plainte de deux employés au Procureur du Roi de Charleroi concernant les pratiques de madame Constant, le CA a tiré la conclusion qu’il devenait impossible pour le CECP d’avancer avec une telle fracture entre la Secrétaire générale Fanny Constant et une partie du personnel.

Tout en soulignant la qualité de travail de Fanny Constant (que le Vif a tenté de joindre), le président Laurent Léonard précise que « le CA s’était déjà positionné sur le fond du dossier et avait demandé réparation. Mais l’évolution du dossier rendait trop compliquée la poursuite de la collaboration. Au delà de ce cas particulier, le CA a pris ses responsabilités par rapport à la structure : nous avons mis en place un contrôle de double signature, un responsable administratif et un responsable projet IT seront engagées. Enfin, le comité de direction sera élargi. »

Mais ce n’est pas tout. Le CA a également pointé du doigt et voté la rupture de confiance avec deux membres du personnel qui auraient organisé une véritable « chasse aux sorcières » selon l’administratrice Marianne Dalem, du MR – parti avait maintenu sa confiance en Fanny Constant (ce serait donc le PS qui a ‘lâché’ la Secrétaire générale). Pour l’élue réformatrice, « il y a eu des méthodes détestables, l’usage de listing mails internes au CECP. Ils ont jeté le discrédit complet sur le CECP. Nous contestons ces pratiques. » Les deux personnes, ayant toutes les deux des responsabilités au sein du CECP, ne sont pour autant pas licenciées.

Le départ de Fanny Constant acté, il restera à restaurer la confiance entre le personnel et le Conseil d’administration.

Olivier Bailly

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