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La prestation de Philippe saluée par la presse francophone, les journaux flamands attendent les élections

Le Vif

Les éditorialistes des quotidiens francophones se montrent unanimement convaincus lundi matin, au lendemain de l’accession au trône du roi Philippe, par la prestation réussie du nouveau souverain des Belges. La presse flamande attend quant à elle le « vrai » test des élections de mai 2014.

Pour Béatrice Delvaux, éditorialiste du Soir, la journée de dimanche a été une « opération réussie pour le Roi Philippe », qui a passé l’épreuve « haut la main » et a d’emblée « marqué sa patte ». « Le plus remarquable cependant est que le nouveau Roi a scoré non seulement sur la forme, mais aussi sur le fond, réussissant à délivrer un message malin et tactiquement crucial dans cette Belgique Nord-Sud que nous connaissons tellement bien », écrit Mme Delvaux.

La Libre Belgique notait pour sa part une « intronisation parfaitement maîtrisée » du roi Philippe, qui est monté sur le trône de Belgique « avec une assurance et une aisance qui ont surpris et réjoui ». « En réussissant son entrée en fonction, Philippe aura aussi prouvé, à ceux qui ne l’attendaient pas forcément à pareille fête, qu’il était prêt à prendre ses responsabilités », ajoute Pierre-François Lovens.

Une assurance et une sérénité relevées également par La Dernière Heure: « De l’avis unanime des observateurs extérieurs, il a parfaitement accompli ses premiers devoirs. Un Roi est né et le peuple l’a déjà adopté ».

« Philippe a parfaitement réussi son examen de passage face à la Nation », écrit de son côté Michel Marteau, rédacteur en chef de Sudpresse.

Même constat pour Martine Maelschalck, rédactrice en chef de L’Echo, qui souligne sur le site internet de son journal que « franchement, Philippe a bien fait cela », en prêtant serment « d’une voix ferme » et en énonçant « quelques petites phrases qui en disent long sur la tonalité du nouveau règne ».

L’Avenir se concentrait par contre davantage sur le caractère très « familial » imposé dimanche par le roi Philippe. « L’image de cette famille réunie est importante et loin d’être anodine. C’est rassurant, c’est une façon de permettre à chacun, à toutes les générations, de se projeter dans cette famille qui représente le pays et son unité ».

La tâche de Philippe ne sera pas simple

Si la plupart des éditos évoquent en premier lieu le succès de cette journée d’abdication et de couronnement, certains rappellent néanmoins que la tâche du nouveau roi ne sera pas simple, à moins d’un an des élections de mai 2014.

« Les choses sérieuses commencent dès aujourd’hui pour le roi Philippe », constate Michel Marteau dans Sudpresse. « Les mois qui viennent ne seront pas faciles pour le fils aîné d’Albert. Les coups peuvent venir de partout, à n’importe quel moment ».

« Personne n’est dupe: il faudra plus qu’un plaidoyer et une bonne prestation royale pour garantir une victoire contre les forces nationalistes », ajoute Béatrice Delvaux du Soir. « L’effet positif de ce jour national ne durera qu’un temps », insiste-t-elle, tout en estimant que dimanche, « le camp de ceux qui veulent que la Belgique poursuive son chemin a gagné une manche ».

Pierre-François Lovens de La Libre Belgique relève également que le succès du couronnement du roi Philippe « ne signifie pas que la partie est gagnée – loin de là ».

Les éditorialistes flamands attendent le « vrai test » des élections de mai 2014

Au lendemain du couronnement du roi Philippe, deux grandes questions dominent lundi les éditos et commentaires publiés dans les journaux flamands: Que fera Philippe lors de la formation du gouvernement en 2014 et comment va-t-il remplir sa fonction de Roi? Les éditorialistes s’accordent toutefois sur la bonne prestation du nouveau souverain en ce jour de Fête nationale.

Dans Het Laatste Nieuws, Erwin Verhoeven remarque que le roi Philippe s’est montré dimanche « moins crispé que le prince héritier qu’il était auparavant ». Pour M. Verhoeven, le vrai moment de vérité pour le nouveau souverain se déroulera l’an prochain, à l’occasion des élections de mai 2014. « Nous verrons alors clairement sa vraie nature et le rôle réel qu’il veut donner à la monarchie. »

De Morgen met également en exergue les élections de 2014. « Tout s’est bien déroulé hier et le roi Philippe a été exemplaire lors de son premier jour en tant que roi », écrit Steven Samyn. « Mais ce n’était naturellement pas un vrai test. Les premières choses sérieuses suivront fin mai 2014 après les élections fédérale, régionales et européenne. » Et l’éditorialiste de se demander ce qu’il se passera si le président de la N-VA Bart De Wever remporte une large victoire lors de ce scrutin. « Est-ce que le Roi peut et veut collaborer avec un régime qui est contre sa fonction et la survie du pays? »

Même son de cloche du côté d’Erick Doncker pour Het Belang van Limburg. Selon lui, Philippe a montré dimanche qu’il est prêt pour son rôle de roi. « Son intelligence émotionnelle a longtemps été un problème. Mais après son mariage avec la reine Mathilde, il s’est totalement ouvert ». Le journaliste se demande si le nouveau roi accepte « un rôle davantage protocolaire comme le roi Albert » et comment il agira avec les entités fédérées. « Le test décisif se jouera lors de la formation du nouveau gouvernement fédéral après les élections de mai 2014 ». Si la N-VA triomphe, le roi Philippe « devra agir avec beaucoup de prudence » afin d’éviter une crise institutionnelle.

Bart Sturtewagen, du Standaard, relève les nombreuses références faites dans les discours à la sixième réforme de l’Etat et au transfert de nouvelles compétences vers les entités fédérées. Mais « à chaque évocation (de la réforme de l’Etat, NDLR), l’ombre de Bart De Wever, absent, devenait plus grande. »

Dans Het Nieuwsblad, Liesbeth Van Impe adresse un message au nouveau souverain. « Soyez prudent, ne vous exposez pas trop, le meilleur roi est un roi politiquement invisible », conseille-t-elle. « Mais soyons honnêtes, vous vous en êtes bien sorti hier. » L’éditorialiste évoque aussi Delphine Boël, la fille illégitime du roi Albert II. « Un roi qui est aussi un bon père, c’est certainement quelque chose que vous pouvez mieux accomplir que votre prédécesseur. Et c’est déjà beaucoup. »

Dans De Tijd, Stefaan Michielsen parle des nombreux éloges dans les discours à l’adresse du gouvernement du Premier ministre Elio Di rupo. Mais maintenant que le couronnement est fini, le gouvernement doit à nouveau se concentrer sur son « vrai travail ». « Le gouvernement Di Rupo doit encore s’atteler à des défis plus importants. Le roi Philippe a rappelé dans son discours que la richesse de notre pays repose sur un cadre solide pour les entreprises et une sécurité sociale efficace. Tous deux sont en danger. »

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