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La presse anglo-saxonne se moque de l’armée belge

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Jeudi dernier, on apprenait que la Défense envisage de mettre fin au cantonnement obligatoire en caserne durant la formation militaire, un projet accueilli par les ricanements de la presse britannique et américaine. L’information est relayée par le quotidien het Laatste Nieuws.

Ces dix dernières années, 3.877 recrues ont en effet abandonné leur formation prématurément. Parmi elles, 16,2% ont expliqué cette démarche par un trop grand manque de la vie civile. C’est pourquoi la Défense, qui réclame plus de personnel en raison du vieillissement de l’armée, veut répondre à certains besoins modernes.

« L’armée veut inclure davantage de soirées libres lors desquelles la recrue peut quitter la caserne. Les jeunes sont actuellement encore attendus le dimanche soir ou le lundi matin au plus tard devant la porte de la caserne et ne peuvent la quitter avant le vendredi », explique Alex Claesen, officier de presse de la Défense, au Het Nieuwsblad. « Nous cherchons également à prolonger le temps libre du week-end en concentrant davantage les moments des leçons. L’armée étudie même si le régime d’internat peut être assoupli ou même levé. »

Fils à maman

Le projet est accueilli par les railleries de la presse britannique et américaine. « Les cadets belges sont des fils à maman » écrit le quotidien britannique The Telegraph. Interrogé par le The Guardian, l’ancien paracommando néerlandais Danny Lams fustige le projet de l’armée belge. « C’est ainsi qu’on obtient une défende de rien du tout, une armée sur laquelle on ne peut pas compter. On ne part pas en guerre avec des hommes à qui leur maman manque », dit-il. « Nous dormions sur le sol froid sous une bâche qui prenait l’eau. Nous voulions servir notre pays. Si vous laissez les recrues rentrer la semaine, les militaires demanderont bientôt un mobil home quand ils seront envoyés au front » ajoute-t-il, quelque peu ironique.

The Guardian rappelle que ces dernières années la Belgique a été critiquée pour avoir failli à son engagement à l’égard de l’OTAN de consacrer 2% de son PIB à la Défense. « Actuellement elle y consacre 0,9% de son PIB, dont 75% en personnel et en coûts de pension », écrit le journal britannique.

Le quotidien américain New York Times se moque également de la proposition de l’armée belge et titre ironiquement « Join the Army and Sleep at Home » (Rejoignez l’armée et dormez à la maison). Il cite le colonel retraité Roger Housen qui compare notre armée à Dad’s Army, une série britannique sur un groupe de soldat d’un certain âge.

Selon Housen, ce n’est pas la vie à la caserne qui incite les soldats à abandonner leur formation, mais les économies réalisées à l’armée et le manque de moyens. « Les soldats ne disposent ni de l’équipement adapté ni de la bonne infrastructure d’entraînement. Cela entraîne des déceptions. » « À vrai dire, ils ne peuvent faire ce qu’ils veulent, et ce pour quoi ils ont rejoint les forces armées », conclut-il.

La Défense déclare au Laatste Nieuws que le projet est à l’étude et que la décision n’a pas encore été prise.

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