Le Parc Maximilien (archives) © BELGA

La plate-forme pour l’hébergement des migrants espère reprendre l’accueil

La plate-forme citoyenne de soutien aux réfugiés, qui a suspendu son action lundi soir à la suite d’actes de vandalisme commis la veille à la Porte d’Ulysse, attend de la part des autorités davantage que l’augmentation du dispositif de sécurité. « Il faut un système d’accueil moins défaillant, avec plus de places ouvertes », insiste le porte-parole de la plate-forme, Mehdi Kassou.

Dimanche soir, des personnes essentiellement sans-abri se sont montrées agressives au centre exploité par la plate-forme à Haren, ce qui a poussé celle-ci à suspendre momentanément l’organisation de l’hébergement de centaines de migrants. Hier/lundi, le même groupe de personnes a encore essayé de s’introduire pendant la nuit au centre de Haren, via les grillages. « Ces fauteurs de trouble ont déjà été arrêtés plusieurs fois mais ils sont toujours relâchés car il s’agit d’infractions mineures. Et même si l’on déplore les actes de violences qu’ils commettent, il faut rappeler que ce qui les motive reste la volonté de trouver un lit », souligne Mehdi Kassou. Pour la plate-forme citoyenne d’hébergement des migrants, ce n’est dès lors pas deux gardes de sécurité en plus qui vont changer quoi que ce soit. « Les autorités doivent reconnaître les difficultés. Il y a urgence. Il faut étendre le dispositif d’accueil sur Bruxelles », réclame le porte-parole. Une réunion est d’ailleurs prévue cette semaine à cet égard avec le gouvernement bruxellois et le secteur du sans-abrisme.

« Pendant la trêve hivernale, les autorités ouvrent plus de 4.000 places d’un coup. En dehors de la trêve, le sans-abrisme devient une compétence exclusivement bruxelloise. Il y a du côté du gouvernement fédéral beaucoup d’hypocrisie et une volonté de ne pas résoudre le problème. Quand il s’agit des migrants, ils disent qu’ils ne feront rien et quand il s’agit des sans-abris, ils renvoient vers la Région bruxelloise », affirme Mehdi Kassou. La plate-forme citoyenne se rendra mardi, en début de soirée, au parc Maximilien afin de prendre le pouls et si le climat s’est apaisé, elle reprendra son action. « Notre volonté est de rouvrir le plus vite possible mais si l’on se rend compte que les personnes agressives n’ont pas compris le message, alors on sera contraint d’encore suspendre notre action ». Durant la nuit de lundi à mardi, un peu plus de 200 personnes ont dormi dehors, selon les estimations de la plate-forme. « Entre 500 et 600 personnes sans toit fréquentent le parc Maximilien mais désormais, la majorité de l’hébergement citoyen s’organise de manière quasiment indépendante de la plate-forme avec des relais directement mis en place par des familles un peu partout en Belgique, ainsi que des hébergements collectifs. »

Cette plate-forme veille à fournir quotidiennement un hébergement à des centaines de migrants, que ce soit chez des particuliers ou au centre « La Porte d’Ulysse ». Lundi après-midi, elle n’a pas publié son traditionnel sondage permettant d’organiser la soirée entre les hébergeurs et les chauffeurs. Ces dernières semaines ont été marquées par de vives tensions au Parc Maximilien, où se rassemblent les migrants, et au centre « La Porte d’Ulysse » installé à Haren, a-t-elle expliqué. La saturation des lieux d’accueil traditionnels des sans-abris a amené vers le Parc des dizaines de personnes cherchant une aide qu’elles ne trouvent plus ailleurs. Dimanche, une partie d’entre elles s’est rendue au centre de Haren pour exiger d’y entrer alors que les lieux étaient remplis. Le ton est monté. Des actes de vandalisme ont été commis et la police a dû être appelée en renfort. Dès qu’elle est arrivée, les fauteurs de trouble ont quitté les lieux.

Au Parc, la situation s’est également compliquée au fil des jours: bousculades dans les files de nourriture, irrespect à l’égard des équipes de bénévoles sur place et, au final des échauffourées et d’interminables discussions qui ruinent les efforts d’organisation.

« Le contexte de première ligne dans lequel nous opérons apporte avec lui une série de réalisés impossibles à gérer individuellement pour une organisation citoyenne s’étant inscrite dans une démarche solidaire en situation d’urgence », ont expliqué les animateurs de la plate-forme.

L’équipe de la plate-forme ont également pris contact avec les autorités compétentes -essentiellement la Ville de Bruxelles et la Région bruxelloise- et les organisations d’aide aux sans-abris afin de trouver des solutions. Pour ce qui est du gouvernement fédéral, ils ne nourrissent guère d’espoir d’un changement d’attitude. « Quand il s’agit des migrants, ils disent qu’ils ne feront rien et quand il s’agit des sans-abris, ils renvoient vers la Région bruxelloise », s’est désolé l’une des chevilles ouvrières de la plate-forme, Mehdi Kassou.

Tant le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon, que le secrétaire d’Etat à l’Asile, Theo Francken, tous deux issus de la N-VA, ont régulièrement mis en cause le rôle joué par cette organisation citoyenne, soutenant que son action en revenait à créer une forme de « hub migratoire » vers la Grande-Bretagne.

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