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La NV-A prononce la peine capitale contre le Fonds argenté

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

La N-VA veut envoyer par le fond cette poire pour la soif imaginée pour financer les pensions. La liquidation ne rapporterait pourtant rien au budget. Juste le plaisir intense de torpiller une fausse bonne idée socialiste en se payant la tête de son auteur, Johan Vande Lanotte.

Si ça ne tient qu’à la N-VA, les jours du Fonds de vieillissement sont comptés. La mise à mort n’est pas encore programmée, mais les nationalistes flamands ont rédigé l’acte d’accusation et prononcé la peine capitale. Trois de leurs députés, parmi lesquels la pointure Siegfried Bracke, ont saisi la Chambre d’une proposition de loi qui invite à passer à l’acte et à dissoudre le Fonds.

Les parlementaires N-VA ne font que remettre le couvert en remettant une vieille intention au goût du jour. A cette nuance près, et elle est de taille : le parti de Bart De Wever est en lice pour intégrer une coalition fédérale, en compagnie du CD&V, de l’Open VLD et du MR. Du coup, leur rêve pourrait devenir réalité.

En 2001, le gouvernement arc-en-ciel (socialiste-libéral-écologiste) Verhofstadt-Vande Lanotte décidait de mettre de l’argent de côté pour financer les vieux jours des Belges à l’horizon 2030 : le « Fonds argenté », qu’on se promettait d’alimenter régulièrement par les excédents budgétaires dégagés.

Mais les surplus budgétaires se dérobent et « la tirelire » doit se contenter de rentrées sporadiques et ponctuelles : tantôt le produit de la vente des licences UMTS, tantôt des dividendes en provenance de Belgacom, tantôt une plus-value sur l’or de la Banque nationale. Au bout d’une douzaine d’années d’existence, le Fonds, par le biais de placements, affiche un portefeuille estimé à 20,5 milliards d’euros. Coquette somme à première vue, hélas nettement insuffisante pour absorber le choc financier du vieillissement évalué à 300 milliards d’euros d’ici 2060. Il y aurait là tout juste de quoi payer six mois de pension des régimes légaux.

Déjà sous le gouvernement Di Rupo, la tentation de régler son sort par une voie détournée se manifestait : le Fonds argenté se serait dissous dans une fusion avec un Fonds pour les soins de santé. La N-VA n’a plus qu’à renchérir aujourd’hui, sans crainte d’être démentie : « Le Fonds de vieillissement est devenu une structure qui n’exerce plus aucune activité, il s’auto-entretient sans apporter la moindre plus-value ajoutée à la société. » Il ne serait rien d’autre « qu’un immense artifice budgétaire, alimenté par une épargne virtuelle, rien de plus qu’une simple opération comptable cosmétique réalisée dans le but de faire baisser le ratio d’endettement de la Belgique. »

>>> Retrouvez le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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