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La manifestation antiraciste, de bombe sanitaire à incident politique

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Les critiques se sont multipliées à la Chambre contre le bourgmestre de Bruxelles, mais aussi sur la Région bruxelloise et le fédéral. La Première ministre s’en prend au ministre-président bruxellois: « Le Conseil national de sécurité était clair, il fallait interdire ». « Tout le monde se renvoie la balle », déplore l’opposition.

La manifestion antiraciste bruxelloise, organisée le 7 juin à l’encontre des conditions sanitaires, est devenue un incident politique. Qui a donné lieu à une série de questions, ce jeudi après-midi en séance plénière de la Chambre. « Le bourgmestre de Bruxelles est responsable, clame Tim Vandeput (Open VLD). Si on devait assister à une nouvelle hausse des contaminations, la première question à poser dans les hôpitaux sera: étiez-vous présent le 7 juin à Bruxelles? La facture devrait être envoyée à la Ville de Bruxelles. » « Contrairement à ce le bourgmestre avait promis au ministre de l’Intérieur, les conditions n’étaient pas en ordre », souligne Frank Demon (CD&V). « Tous les appels à l’interdiction n’ont pas été entendu, je déplore ce manque de courage politique », appuie Michel De Maegd (MR).

Catherine Fonck, dont le CDH est dans l’opposition à tous les niveaux de pouvoir, n’épargne, quant à elle, personne: « Votre gouvernement, à défaut de prise de décision responsable, pouvait et devait l’interdire. » Cela décrédibilise complètement le message de responsabilité individuelle lancé par le Conseil national de sécurité, estime-t-elle. Comment, ensuite, dire aux gens qu’ils ne peuvent pas voir plus de dix personnes? La cause est noble, répètent les intervenants. « Mais il y a visiblement différents types de noblesse », ironise Peter De Roover (N-VA)dans: le même temps, de nombreuses autres activités nobles ne peuvent toujours pas être exercées.

« La lutte contre le racisme ne doit souffir d’aucun compromis, entame Sophie Wilmès dans sa réponse. La cause est juste. » Mais les conditions sanitaires recommandaient d’interdire une telle manifestation. « A l’issue du Conseil national de sécurité, j’ai très clairement dit que ce rassemblement contrevenait aux mesures prises par ce même Conseil. Je l’ai indiqué clairement en conférence de presse, contrairement à ce que d’aucuns prétendent à la tribune de certains parlements. » Une pique irritée directement adressée au ministre-président bruxellois, Rudi Vervoort (PS). Finalement, regrette-t-elle, la ville de Bruxelles a autorisé une manifestation statique « sans concertation préalable avec le ministre de l’Intérieur ». Sophie Wilmès ne répond toutefois pas clairement à la question de savoir si elle aurait pu ou dû l’interdire elle-même la manifestation.

La Première ministre évoque encore la réunion « constructive et apaisée » tenue mardi 9 juin avec le bourgmestre Philippe Close, à l’issue de laquelle un communiqué commun a reconnu que l’événement contrevenait aux règles sanitaires. « Ce message vaut pour toutes les villes et communes de Belgique« , insiste-t-elle. Le prochain Conseil national de sécurité se penchera sur la question, mais non pour décider d’exceptions à la règle, bien pour voir comment auroriser certaines expressions pbliques dans le respect de celles-ci.

Le bourgmestre de Bruxelles est « incompétent » et le ministre-président bruxellois « a menti », fustige Peter De Roover (N-VA).

De façon significative, aucune intervention du PS ou d’Ecolo n’a eu lieu sur le sujet.

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