Jean-Michel Adant (Brutélé), Rudy Nys (iNDi), Andréˆ Gilles (ALE) et Stéˆphane Moreau (ALE). © ISOPIX

La justice enquête sur le scandale Publifin

David Leloup
David Leloup Journaliste

La justice liégeoise a ouvert une information judiciaire suspectant des faits de faux, d’usage de faux et d’abus de biens sociaux au détriment de l’intercommunale Publifin.

La justice liégeoise a ouvert une information judiciaire suite aux révélations du Vif/L’Express sur le scandale Publifin, une affaire concernant 25 élus du PS, du MR et du CDH qui ont siégé dans trois comités de secteur de l’intercommunale liégeoise et perçu des rémunérations astronomiques pour un maximum de dix réunions en trois ans et demi.

L’ouverture de cette information nous a été confirmée de source judiciaire. Un procès-verbal initial a été rédigé quelques jours seulement après la publication de notre article du 20 décembre dernier qui a mis le feu aux poudres. Celui-ci révélait qu’au sein de l’intercommunale wallonne Publifin (ex-Tecteo), des élus ont touché des émoluments de 1.340 à 2.871 euros bruts par mois, depuis l’été 2013, sans réelle contrepartie exigée de leur part. Deux jours plus tard, Publifin décidait de liquider ses trois comités de secteur.

Faux, usage de faux et abus de biens sociaux

Selon nos informations, le ministère public suspecterait la commission de faux, l’usage de ces faux et des abus de biens sociaux au détriment de l’intercommunale Publifin. Et donc, in fine, de ses actionnaires, au premier rang desquels on trouve la Province de Liège (61% des parts) et 76 communes belges, principalement de la province de Liège. Il s’agirait de suspicions de faux mandats, de fausses réunions et de faux procès-verbaux de réunions. Cette information judiciaire devrait durer quelques mois. Si les suspicions initiales se confirment, elle pourrait se muer en instruction judiciaire, avec désignation d’un juge d’instruction. A défaut, elle sera classée sans suite.

C’est Cédric Halin, l’échevin des finances (apparenté CDH) d’Olne, commune actionnaire de Publifin, qui a levé le pot aux roses en se rendant physiquement au siège de l’intercommunale, en août dernier, pour y examiner les documents internes relatifs aux trois comités de secteur (« Energie », « Télécom » et « Liège-ville ») créés le 21 juin 2013 par le CA de Publifin.

Un système mis en place sous l’ère Moreau

Le système des comités de secteur a pour la première fois été mis en place fin 2010 lors de l’absorption de l’Association liégeoise du gaz (ALG) par Tecteo. A l’époque, l’actuel bourgmestre PS d’Ans, Stéphane Moreau, était le directeur général de l’intercommunale et André Gilles le président du conseil d’administration. Aujourd’hui, Stéphane Moreau a complètement disparu de l’organigramme de l’intercommunale, rebaptisée Publifin en 2013.

C’est le parquet général de Liège (au sein de la cour d’appel), dirigé par le procureur général Christian De Valkeneer, qui aurait pris le dossier en charge. Un lien familial unit en effet Philippe Dulieu, le procureur du Roi de Liège (tribunal de première instance), et Stéphane Moreau, directeur général de Tecteo jusqu’à la scission du groupe en deux entités distinctes, Publifin et Nethys, à la mi-2013. Stéphane Moreau, CEO de Nethys, est le parrain de la fille du procureur du Roi Philippe Dulieu, ce qui place ce dernier – et son parquet – en mauvaise posture pour enquêter sereinement sur des faits éventuellement liés à Stéphane Moreau.

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