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La justice belge sous-exploite les données ADN

Les traces d’ADN relevées sur les scènes de crimes en Belgique sont sous-exploitées, voire mal utilisées. Ce sont les conclusions d’une étude de l’UGent, la VUB et l’Institut national de criminalistique et de criminologie, relayées lundi par Sudpresse. Les trois organismes appellent à un débat politique.

« La loi s’est toujours focalisée sur la protection à mettre en place autour des banques de données nationales », observe Bertrand Renard, le criminologue de l’INCC qui a participé à l’étude. « Je ne dis pas que ce n’était pas nécessaire car il y va de la protection de la vie privée. Mais pendant ce temps, (…) le législateur n’a jamais rien prévu pour guider les policiers, les magistrats… », dit-il dans les pages de Sudpresse.

L’étude dénonce aussi la barrière entre les banques de données ADN, gérées par l’INCC (c’est-à-dire la Justice) et les banques de données policières, sous tutelle de l’Intérieur. « Dans bon nombre de pays, ces banques sont toutes gérées par la police. Chez nous, cette scission totale provoque une barrière hermétique entre données judiciaires et données policières, ce qui ralentit les échanges d’informations. »

Le ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V), rappelle que la banque de données ADN « Personnes disparues » est entièrement opérationnelle depuis juillet. Des moyens sont en outre débloqués pour la coopération internationale, et chaque mois, un pays s’ajoute à la liste de ceux avec lesquels la Belgique échange des données ADN, selon son cabinet. Mais il est vrai que la banque de données « intervenants » – qui contiendra le profil ADN de tous les chercheurs et intervenants (policiers, secouristes, collaborateurs des laboratoires, etc.) participant aux informations judiciaires, afin d’exclure leurs profils de l’enquête – n’est pas encore opérationnelle.

La loi, pourtant votée, pose problème pour sa mise en pratique. « La loi ADN est en phase de modernisation et il reviendra au prochain gouvernement de gérer le problème, après un débat de fond. Cela devra être couplé à des moyens », commente le cabinet Geens. Quant aux lenteurs dans la transmission des informations via des formulaires papier, « nous élaborons actuellement un nouveau module permettant de numériser la communication et le suivi ».

Belga

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