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La frustration sociale de Charles Michel

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le Premier ministre vit de plus en plus mal la « caricature » de sa politique socio-économique « injuste ». Priorité des prochains mois : renverser la vapeur auprès de l’opinion publique. Une façon, aussi, de rassurer un CD&V meurtri.

C’est  » la  » frustration ressentie et ressassée par le Premier ministre Charles Michel et ses proches collaborateurs durant tout l’été : l’opinion publique ne perçoit pas assez la dimension sociale de l’action du gouvernement fédéral.  » Surtout du côté francophone où cinq partis d’opposition et trois syndicats ne cessent de nous pilonner « , regrette-t-on au MR.  » Notre programme de gouvernement est intitulé  » Un engagement économique, un projet social « , mais il faut bien constater que pour l’instant, on ne nous crédite réellement que de la première partie « , ajoute-t-on au 16, rue de la Loi. A tort, s’empresse-t-on d’ajouter :  » Une série de paramètres socio-économiques s’améliorent et nous avons la faiblesse de penser que c’est notamment dû à notre action. Nous devrons être davantage pédagogues.  »

La frustration est d’autant plus intense qu’une sérieuse turbulence a secoué la coalition, en cette fin août : le CD&V et l’Open VLD se sont publiquement affrontés sur le résultat de la négociation fiscale bouclée avant les vacances. Le vice-Premier social-chrétien Kris Peeters a accusé son collègue libéral Alexander De Croo d’un  » comportement éthique inacceptable « , parlant d’une  » rupture de confiance au sein du kern  » : à peine l’accord scellé, le président de l’Open VLD a révélé à la presse les demandes faites par le CD&V lors de la négociation, une liste qualifiée de  » catalogue des horreurs « . Résultat : en Flandre, le parti social-chrétien apparaît comme le grand perdant de cette coalition dominée par la droite.  » Tu as fait une grosse connerie « , aurait vertement lâché Charles Michel à Alexander De Croo quand il a appris la nouvelle. Mais en termes d’image, le mal est fait.

Les syndicats mettent en outre une pression maximale sur la suédoise d’ici à la manifestation en front commun du 7 octobre prochain.  » Franchement, Charles Michel devra être fort pour démontrer que sa politique a des accents sociaux, ironise Marc Goblet, secrétaire général de la FGTB. D’ailleurs, le CD&V commence à se rendre compte que ce n’est pas le cas.  » C’est dire combien le Premier ministre a du pain sur la planche pour corriger le tir avant son premier anniversaire au 16, le 11 octobre.

Pour autant, le gouvernement fédéral est-il vraiment antisocial ? La réalité est plus nuancée si l’on tente de l’objectiver. La thérapie de choc initiale vise à générer des créations d’emplois, de richesse et, par là-même, à assurer financement de la sécurité sociale. Tel est le crédit gouvernemental.  » Au-delà des apparences de cette politique, avant de la juger sociale ou non, il faudra effectivement en mesurer les effets induits et cela peut prendre quelques années, souligne Bruno Van der Linden, professeur d’économie à l’UCL. Les allègements de cotisations patronales peuvent passer pour un cadeau aux employeurs, mais elles auront aussi un impact plus ou moins important sur la création d’emplois. La clé, ce sera la manière très précise dont on mettra en oeuvre ces mesures.  » Le vrai travail de la majorité commence.

Lire l’intégralité de l’analyse de la rentrée politique du gouvernement Michel dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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