Le testing après un contact à haut risque devrait être à nouveau possible mi-novembre © belga

La facture corona: 2,4 à 2,5 milliards pour la Wallonie

Mélanie Geelkens
Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

En 2020, le coronavirus aura donc coûté 33,5 milliards d’euros aux différents niveaux de pouvoir belges, du gouvernement fédéral aux communes. Qui a payé quoi ? Voici la facture Covid passée au crible.

Au mois de septembre, la Wallonie – comme tout le monde – pensait que le pire était derrière elle ; et ce « pire » lui avait déjà coûté 1,119 milliard. Elle s’en trouva donc fort dépourvue, quand la deuxième vague automnale fut venue : bim, 600 millions d’euros supplémentaires ! Soit un total de plus de 1,7 milliard d’euros consacré au corona en 2020, ce qui représente plus de 10 % de ses dépenses habituelles.

L’Economie et la Santé casquent

Sans surprise, c’est le cabinet de l’Economie de Willy Borsus (MR) qui a le plus casqué. Pour un bon milliard d’indemnités, consacrées aux structures qui ont dû (re)fermer au cours de l’année et à celles dont le chiffre d’affaires a chuté, bien que restées ouvertes. Avec une rawette (36 millions) pour les asbl. Plus surprenant : toutes ces sommes… n’ont pas trouvé preneurs. « Il est très probable qu’il y ait des non-consommés, confirme le cabinet du ministre. Mais il n’est pas encore possible de les chiffrer, car certaines mesures sont toujours ouvertes. Notre intention est de toute façon de les réinjecter sous une forme ou l’autre pour en faire bénéficier les entreprises et les indépendants. »

Le cabinet de la Santé, de l’Emploi et de l’Action sociale (Christie Morreale, PS) a lui aussi pas mal dû délier les cordons : pour 369 millions. Achat de masques et autre matériel, mise en place du tracing, des centres de testing, embauche de personnel supplémentaire pour l’Aviq (Agence pour une vie de qualité), aide au secteur des titres-services, ouverture de centres d’accueil pour victimes de violences conjugales, sans-abris et publics précarisés…

Un autre poste important revient aux Pouvoirs locaux, via l’aide aux communes. Le solde se répartit entre les autres cabinets, chacun ayant tenté « d’immuniser son secteur » (comprenez : distribuer ce qui pouvait l’être).

Des emprunts

Tous ces millions, la Wallonie les a empruntés. Sauf les 600 liés à la deuxième vague, qu’elle a trouvés en grignotant (déjà) le fonds de relance, en réinjectant les non-consommés et en creusant dans ses réserves ou celles des UAP (structures parapubliques type Forem, Spaque, ports autonomes…). La crise aura au moins eu ce bénéfice-là : toutes ont mis leurs réserves à disposition de la Région pour un prêt à taux zéro, ce qu’elles avaient toujours farouchement refusé jusqu’alors. Bref, 1,7 milliard de dépenses… là où la Flandre approche les 4 milliards. Ah, ces riches voisins du nord ? « Pas vraiment : si on ramène à la moyenne par habitants (3,6 millions en Wallonie et 6,6 en Flandre), ça se tient », pointe l’économiste Jean Hindriks (UCLouvain). Presque : 466 euros dépensés par Wallon (ou 532, si l’on intègre la Fédération Wallonie-Bruxelles), et 606 par Flamand.

Pertes de recettes

Avec tout ça, faudrait pas oublier les pertes de recettes. Estimées à 717 millions d’euros, « même s’il est probable que la deuxième vague que nous subissons actuellement pourrait aggraver ce volet », précisait en décembre dernier le ministre du Budget, Jean-Luc Crucke (MR), lors d’une présentation aux députés. Ce qui donne un total wallon de 2,4 à 2,5 milliards. Vivement 2021 : la Région table sur 678 millions de dépenses et – 225 millions de recettes. Soit (au moins) 903 autres coronamillions. Sans même parler des plans de relance.

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