L'administrateur délégué de RTL Belgium, Philippe Delusinne. © Belga

La direction de RTL Belgium veut licencier 105 personnes

La direction de RTL Belgium a annoncé ce jeudi matin son intention de licencier 105 personnes. Les postes visés n’ont pas été précisés, mais ces licenciements concernent tant des salariés que des pigistes, a précisé à Belga Christopher Barzal, porte-parole de RTL Belgium.

En conseil d’entreprise extraordinaire puis devant l’ensemble du personnel, la direction a dressé ce jeudi matin les contours du plan #Evolve, le plan de transformation adopté mercredi par le conseil d’administration pour adapter le groupe audiovisuel privé aux nouveaux modes de consommation des médias et le repositionner face à la concurrence.

« La direction est restée très générale, elle est surtout revenue sur le contexte, que l’on connait déjà », a rapporté Yves Flamand, secrétaire permanent du Setca.

Outre l’arrivée de TF1 sur le marché publicitaire belge, la direction a expliqué que la maturité du marché publicitaire en télévision se traduisait par une trop « faible progression des investissements annuels en Belgique », selon les termes du courriel interne qu’elle a transmis à ses travailleurs. Elle a aussi pointé « la multiplication des financements publics et l’assouplissement des règles dont bénéficie la RTBF, tant en télévision (financement des séries belges notamment) qu’en radio (quotas non globalisés notamment), qui faussent la concurrence sur un marché étriqué », ainsi que « l’arrivée d’opérateurs télécoms locaux (Proximus, Telenet, Voo) et de puissants groupes sur le marché de la consommation audio et vidéo ».

Le plan #Evolve concerne l’ensemble des départements. Au niveau des régies publicitaires, il prévoit une fusion et « la création d’une véritable opération commerciale intégrée TV+Radio+Digital, capable d’offrir des solutions intégrées aux annonceurs ».

En ce qui concerne la rédaction, l’idée est d’organiser le traitement de l’information « sur le principe Fast News/Slow News afin de s’adapter à une demande d’informations à la fois réactive et explicative sur l’ensemble de nos médias », a indiqué la direction sans beaucoup plus de précisions.

Pour relancer son offre digitale, RTL Belgium va par ailleurs créer « une nouvelle plateforme de catch-up TV (télévision dite de rattrapage) gratuite financée par la publicité ciblée ». Une « plateforme interne de production unique multitâches, multimarques et multimédias » est également sur les rails.

Ce plan implique « la redéfinition et/ou la suppression de certaines fonctions exercées jusqu’ici en son sein: 105 collaborateurs pourraient dès lors être concernés par un licenciement », a précisé la direction devant les travailleurs.

RTL Belgium emploie actuellement environ 800 personnes, dont un peu plus de 500 salariés (524 selon les données de l’ONSS pour 2016). Après avoir annoncé ses intentions, la direction va enclencher la procédure d’information et de consultation prévue par la loi dite « Renault » sur le licenciement collectif. Ces prochaines semaines, elle « répondra aux questions, contre-propositions et arguments formulés par les représentants du personnel », assure-t-elle.

« Pour que RTL reste dans les dix prochaines années une société qui continue à faire ce qu’elle fait au niveau de la production locale, du ‘news local’ qui met en valeur les talents de la Communauté française de Belgique, il fallait changer des choses rapidement », a justifié jeudi matin Philippe Delusine, le CEO de RTL Belgium, sur les ondes de Bel RTL.

« C’est ce que nous allons faire. Mais pour les téléspectateurs et les auditeurs, rien ne changera. Ce qui changera, c’est le mode opératoire, les structures au sein de la maison RTL », a-t-il poursuivi, tout en disant « comprendre l’émoi ».

Du côté du personnel, les syndicats ont déjà fait savoir que tout licenciement était injustifié à leurs yeux. Ils jugent que la santé financière de RTL Belgium est « bonne » et que, si une vraie « stratégie digitale » s’impose, les employés n’ont pas à être les victimes du « réveil brutal et tardif » de la direction en la matière, selon le communiqué de presse envoyé mercredi par les représentants du personnel au conseil d’entreprise.

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