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La difficile recherche d’emploi des anciens employés d’ING

Le Vif

Pour de nombreux employés d’ING qui seront remerciés, la formation sera la seule voie de salut. Car parmi les employés de type administratifs, il y a beaucoup de candidats et de moins en moins d’élus sur le marché du travail.

L’annonce d’une restructuration radicale chez ING ne sera pas passée inaperçue. La « Digitalisation fulgurante, multiplication du nombre de concurrents, taux d’intérêt obstinément bas, étranglement des marges, lourdes taxes et régulation omniprésente » sont autant d’obstacles avancés par ING pour expliquer l’accélération de son plan stratégique. La cause avancée est donc une numérisation de plus en plus importante des banques. Une numérisation qui se montre aujourd’hui particulièrement meurtrière pour l’emploi chez ING Belgique, et ce malgré plusieurs milliards d’euros de bénéfice ces dernières années. Comme le précise Trends Tendances, l’objectif de la direction est de réduire les coûts de l’ordre de 550 millions d’euros par an d’ici 2021 en diminuant drastiquement l’emploi, histoire de ramener le rapport coûts revenus autour des 50 % (contre 54 % actuellement). Ce mardi matin, sur les ondes de matin première Rik Vandenberghe, le CEO belge d’ING, s’est fait encore plus précis en assumant « une situation voulue par la clientèle en quête de toujours plus de robotisation. Le premier projet de plan prévoit 1700 licenciements secs, mais ce nombre pourrait descendre ».

Un tiers des effectifs à la trappe

Il n’empêche que le coup est rude pour le personnel de la banque puisque « l’enseigne emploie actuellement un peu moins de 9.000 personnes : plus d’un tiers de ses effectifs vont passer à la trappe dans les cinq années à venir » dit Trends Tendances. D’autant plus que selon Rik Vandenberghe la prépension n’est pas une option.

Principalement du personnel administratif

La restructuration va toucher principalement des gestionnaires et employés d’agence, des conseillers en crédit et prêt personnel, des analystes financiers, des courtiers en assurance ou encore du personnel de type commercial. Donc principalement des emplois administratifs selon le Standaard.

En théorie, les futurs ex-employés d’ING ont toutes les chances de retrouver facilement un travail. Parce qu’ils sont du personnel qualifié avec niveau d’étude relativement élevé. Selon Actiris, 78% des travailleurs du secteur Banques et Finances à Bruxelles disposent d’un diplôme de l’enseignement supérieur. Ils ont souvent de l’expérience et sont bien formés. La plupart sont aussi polyglottes. Ou, tout du moins, ils disposent d’un niveau de bilinguisme largement supérieur à la moyenne toujours selon Actiris. Par ailleurs, les licenciements seront dilués dans le temps et dans l’espace. Puisque contrairement à Caterpillar, ils ne se feront pas de façon groupée et dans une même région puisqu’ils concernent toute la Belgique. Du siège central aux agences plus locales, les licenciements devraient s’étaler sur 5 ans.

53.000 chercheurs d’emplois pour 1.115 offres

Malgré tout cela, la compétition risque de faire rage entre les anciens collègues issus des différentes banques. Car la demande excède de beaucoup l’offre.

Le Standaard, qui se base sur les chiffres du VDAB, dit que rien qu’en Flandre il y a 53.000 chercheurs d’emplois dans le secteur administratif pour 1.115 offres d’emploi. Dans le secteur des banques et des assurances, ce chiffre est de 1.808 demandeurs d’emploi pour seulement 247 offres d’emploi.

En Wallonie, selon le Forem, il y aurait 8 000 demandeurs d’emploi qui seraient candidats à un emploi pour les métiers financiers et de l’ordre de 40 000 pour les métiers administratifs. Et ce en sachant qu’un chercheur d’emploi peut être candidat dans plusieurs métiers. Toujours selon le Forem, il y aurait eu, en 2015, près de 2 500 opportunités d’emploi connues du Forem dans les métiers financiers qui regroupent aussi les métiers comme comptable (40% en 2015). Et 6.500 dans les métiers administratifs. Les métiers administratifs reprennent des métiers tels qu’employé administratif (23%) ; secrétaire (18%) ; technicien administratif (18%) ; agent d’accueil (11%) ; assistant de direction (7%) ; …

Les métiers de la banque en tant que tels représentent quelque 350 opportunités sur l’année 2015 et autant (350) pour les métiers de l’assurance. Le Forem constate tout de même une tendance à la baisse depuis 5 ans dans chacun de ces deux groupes de métiers.

A Bruxelles, et « malgré le nombre important de pertes d’emploi enregistrées par ce secteur depuis une dizaine d’années, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits chez Actiris demeure relativement limité. Parmi nos 100.000 demandeurs d’emploi, on en dénombre plus ou moins 200 qui proviennent du secteur bancaire » précise Actiris.

Pour se placer sur ce marché pour le moins compétitif, les anciens employés devront être secondés s’ils veulent trouver un nouveau souffle à leur carrière. Une des solutions serait qu’ils puissent suivre de nouvelles formations afin de se réorienter professionnellement. Un autre métier, dans un autre secteur. Kris Peeters aurait d’ores et déjà demandé à Febelfin d’établir un fonds destiné à la réorientation dans le domaine.

« Nous avons la volonté de travailler ensemble. Nous pensons que des alternatives doivent être trouvées. Une task force permettra d’épauler les syndicats et de leur fournir une expertise pour formuler des alternatives afin de limiter les licenciements secs », a déclaré pour sa part le Premier ministre, Charles Michel. Il a aussi rappelé qu’il demandait « que ING prenne ses responsabilités » et que tout soit fait pour « limiter les licenciements ». « Lorsque des banques ont été aidées par des Etats, elles doivent prendre leur responsabilité sur le plan social », a-t-il souligné. « Les travailleurs du secteur bancaire sont des gens et pas des numéros ».

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