Me Dalne. © BELGA

La défense de Mehdi Nemmouche « ressemble à un bateau ivre »

Le Vif

Me Christian Dalne, conseil de la famille d’Alexandre Strens, a enfin pu commencer sa plaidoirie devant la cour d’assises de Bruxelles, lundi après-midi. L’avocat s’en est vivement pris aux arguments déployés et aux méthodes utilisées par la défense de Mehdi Nemmouche depuis le début du procès de l’attentat au Musée juif de Belgique.

« Ce procès manque cruellement, follement d’humanité, de sentiment, de chaleur », a d’emblée dénoncé Me Dalne, qui s’est dit « en colère » contre le manque de respect subi par les victimes de la tuerie. « On a oublié que quatre victimes innocentes ont été abattues dans un attentat terroriste antisémite. »

« Les morts nous écoutent quand on parle d’eux, Alexandre Strens nous écoute quand on parle de lui », a poursuivi l’avocat.

« Ce procès est historique, votre mission est historique. C’est le premier procès d’un attentat terroriste sur notre sol, et le premier d’une filière. Ce n’est que la première étape (…) avant Paris, Zaventem, Maelbeek. Nous n’en avons pas fini avec le terrorisme, nous devrons vivre avec et les générations futures également », a adressé Me Dalne aux jurés.

L’avocat a dénoncé un procès « atypique, parce qu’on l’a entamé à l’envers ».

« La défense plaide normalement en dernier, ici la défense a commencé à plaider dès le début du procès. Elle a lancé des pistes, des hypothèses, annoncé des éléments capitaux, des témoins… Avec le mutisme de Mehdi Nemmouche, cela donne une ligne de défense insaisissable. On réserve ses arguments pour les plaidoiries, en occupant le terrain avec des illusions », a fustigé Me Dalne.

« Moment désespérant »

« Lorsque nous aurons démontré la culpabilité de Mehdi Nemmouche, il ne restera plus rien, il ne restera que des victimes qui retrouveront leur place », a-t-il poursuivi.

Le conseil de la famille Strens accuse la défense du principal accusé d’avoir « confisqué » les débats, en faisant le procès de l’instruction, des témoins, des otages en Syrie qui ont subi des « pseudo-tortures », des procureurs traités d' »accusateurs publics et leur guillotine ».

Quel « moment désespérant », selon Me Dalne. « Cette défense ressemble à un bateau ivre. »

Pour le pénaliste, le plus grave demeure ce qu’il considère comme un procès fait aux victimes.

« Je ne peux pas l’accepter, c’est comme si on devait leur faire porter une responsabilité dans leur mort (…) avec des procès d’intention, des insinuations nauséabondes, des mises en doute de leurs convictions personnelles et philosophiques… », a-t-il ajouté.

« Je ne voudrais pas qu’on tente maintenant de confisquer votre rôle de juge. Soyez attentifs. On va tenter de déstabiliser votre raisonnement, de vous faire peur, d’instiller l’idée d’une possible erreur et d’ébranler vos certitudes », a encore adressé Me Dalne aux jurés.

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