La crise politique coïncide avec un déficit de leadership dans les partis

Le Vif

Près de deux mois après les élections du 26 mai, deux gouvernements ont été formés, en Communauté germanophone et à Bruxelles, alors que dans les autres entités du pays, les négociations n’ont toujours pas débuté.

Pendant ce temps, l’incertitude est de mise à la tête des principaux partis politiques du pays dont la présidence devrait évoluer au cours des prochains mois. Dans un certain nombre de cas, on observe un déficit de leadership. Le principal parti du pays, la N-VA, et les partis traditionnels ont tous baissé aux élections du 26 mai, ce qui n’est pas sans conséquences sur l’évolution interne des formations politiques.

Le président de la N-VA, Bart De Wever, bourgmestre d’Anvers, réélu député à la Chambre, est formateur du gouvernement flamand. Après avoir discuté pendant plusieurs semaines avec le Vlaams Belang, puis remis une note au CD&V, à l’Open Vld et au sp.a, il a cependant mis cette formation entre parenthèses en attendant de voir clair dans le jeu de l’Open Vld et du CD&V au niveau fédéral. La N-VA craint d’être contournée au fédéral.

Bart De Wever a semblé absent, allant jusqu’à quitter le pays pendant 10 jours. Il n’était pas présent pour gérer la démission du président N-VA du parlement flamand Kris Van Dijck, le jour de la Fête flamande.

Les yeux sont naturellement rivés vers le CD&V, parti centriste, traditionnel faiseur de majorités, à gauche ou à droite, ou au coeur de tripartites. Mais assumant la défaite de son parti, le président du CD&V, Wouter Beke, a laissé entendre qu’il ne se représenterait pas aux élections internes de son parti, censées se dérouler après la formation des gouvernements. Il s’en remet à la N-VA et au PS qu’il invite au dialogue. Depuis, l’aile droite du CD&V, représentée par Pieter De Crem et Hendrik Bogaert, pousse à des majorités avec la N-VA. L’ancien ministre Kris Peeters, devenu député européen, invite au silence. Une candidature pourrait venir de l’aile progressiste. On évoque le nom de la très populaire Hilde Crevits.

A l’Open Vld, la présidente Gwendolyn Rutten est sur la sellette. Plusieurs personnalités appellent à un changement de présidence, parmi lesquelles le député-bourgmestre de Courtrai Vincent Van Quickenborne. A Bruxelles, Gwendolyn Rutten n’a pas réussi à imposer ses vues à sa section locale, emmenée par Sven Gatz et Guy Vanhengel, à qui elle demandait de ne pas entrer dans un gouvernement sans le MR.

Du côté francophone, le président du principal parti, Elio Di Rupo avait fait savoir avant les élections que, sans doute, il remettrait le tablier après la formation des gouvernements. Le porte-parole de la campagne, Paul Magnette, n’a pas caché qu’il serait candidat à la succession. La communication des deux hommes forts du PS a parfois laissé entrevoir des différences d’approche sur la stratégie. L’ancien Premier ministre s’est montré en homme de dialogue, y compris avec les partis les plus à l’opposé du programme socialiste, la N-VA et le MR. Paul Magnette s’est posé en représentant de la base, demandeuse d’un repositionnement plus à gauche. Des élections doivent également avoir lieu au niveau des fédérations socialistes. La succession de Laurette Onkelinx à Bruxelles est particulièrement scrutée. Des divisions se font jour.

Le parti frère socialiste au nord du pays est dans une situation plus complexe. Le président du sp.a John Crombez a présenté sa démission aux instances de son parti après la défaite du 26 mai. Elles lui ont demandé de rester en place jusqu’à la nomination d’un nouveau président… qui pourrait être lui-même. D’autres ne l’entendent pas de cette oreille, à l’instar du bourgmestre de Vilvorde Hans Bonte.

Au MR, le départ du Premier ministre Charles Michel pour la présidence du Conseil européen pourrait ouvrir une nouvelle page. Charles Michel tente de garder la main. En l’absence de gouvernement de plein exercice, il envisage soit de cumuler les présidences du parti et du Conseil européen, soit de confier la présidence du MR dans l’attente de futures élections internes. Toutefois, tous au MR ne partagent pas cette vision. Des anciens ministres et des parlementaires ont fait savoir lundi au journal Le Soir qu’ils souhaitaient qu’une campagne électorale interne ait lieu au plus vite ainsi qu’une réflexion idéologique. Ils souhaitent qu’une nouvelle personnalité émerge, hors des camps Michel et Reynders qui président le parti depuis 30 ans.

Du côté d’Ecolo, en progrès le 26 mai, et de retour aux responsabilités bruxelloises, pas de tensions mais une échéance électorale prévue en septembre. La coprésidente bruxelloise Zakia Khattabi avait fait savoir qu’elle ne briguerait pas un second mandat, préférant se concentrer sur sa fonction de députée à la Chambre. L’annonce du calendrier électoral et du dépôt des candidatures a toutefois coïncidé avec un désaveu subi par Mme Khattabi dans le choix d’une secrétaire d’Etat au gouvernement bruxellois. L’autre coprésident, Jean-Marc Nollet, devrait rempiler dans une fonction qu’il avait reprise en cours de mandat à Patrick Dupriez. Chez les collègues de Groen, des critiques se sont fait entendre alors que le parti n’a pas obtenu le résultat escompté. Certains militants et mandataires ont estimé que la présidente Meyrem Almaci et le député Kristof Calvo ont réalisé une campagne trop polarisante.

A la tête de DéFI, et avant cela du FDF, depuis 1995, Olivier Maingain s’apprête également à passer la main. Ne s’étant présenté qu’en soutien aux dernières élections du 26 mai, il s’est mis en retrait de la politique nationale, ne conservant que son mandat de bourgmestre de Woluwe St-Lambert. A la tête du parti, le jeu semble ouvert mais les candidats potentiels ne sont pas légion.

Un parti, parmi les formations traditionnelles, le cdH, n’est certainement pas concerné par un changement de présidence, puisque l’élection interne a eu lieu avant le triple scrutin du 26 mai. Et le nouveau président Maxime Prevot a dû assumer la défaite des siens tout en réalisant un bon score personnel. Il a décidé que le cdH se referait une santé dans l’opposition après avoir perdu les élections.

Les deux partis vainqueurs des élections du 26 mai, le Vlaams Belang et le PTB ne devraient pas connaître de changement de président dans les prochains mois. Le VB a eu des discussions approfondies avec le formateur du gouvernement flamand Bart De Wever et son président a été reçu par le roi. Pour sa part, le PTB a refusé d’entrer dans une coalition wallonne progressiste en Wallonie avec le PS et Ecolo.

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