Nicolas De Decker

La certaine idée de Nicolas De Decker: Bouchez, le goût de soi et les codes des autres (chronique)

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Georges-Louis Bouchez a désigné la soeur de sa copine à la présidence du conseil d’administration de la Loterie nationale. Mais ça n’a rien à voir avec du copinage puisque ça, c’est quand ce sont les autres qui le font.

« Passer les codes, bousculer l’ordre établi, c’est l’essence même d’un mouvement libéral et ça ne fait que commencer », a dit Georges-Louis Bouchez, au coeur d’une semaine pour lui comme les autres. Une de ces semaines à 3 800 euros de publicités personnelles sur les réseaux sociaux, une enfilade de journées dont le seul intérêt réside en soi-même tandis que l’unique problème consiste en les autres, des journées pendant lesquelles le seul ordre établi qui fut vraiment bousculé serait celui de l’algorithmique, dopée de polémiques vaines et de contresens éhontés, des engagements sur Twitter.

Le mercredi matin, il donnait à son sujet et en français une interview à un journal flamand, dans laquelle il qualifiait la lecture d’oeuvres de fiction de « perte de temps », tant pis si « certains intellectuels allaient trouver ça scandaleux », puis se moquait sur Twitter d’un romancier qui trouvait ça très énervant, mais ça n’a rien à voir avec du mépris, puisque ça, c’est quand ce sont les autres qui le font.

Le jeudi matin, il se félicitait lui-même d’avoir désigné d’autorité, par la grâce souveraine de la clé D’Hondt, un startupeur molenbeekois au conseil d’administration d’une société anonyme de droit public, Proximus. Ibrahim Ouassari n’est pas blanc, et l’arrivée du fondateur de Molengeek vient ainsi concrétiser la « diversification de nos équipes », faisait-il écrire dans le communiqué de presse, mais ça n’a rien à voir avec du communau tarisme puisque ça, c’est quand ce sont les autres qui le font.

Médiocrité générale

Le jeudi soir, il reprochait à la RTBF de ne pas avoir présenté la désignation par lui-même d’Ibrahim Ouassari comme une nomination politique, et se félicitait lui-même d’avoir désigné d’autorité, par la grâce souveraine de la clé D’Hondt, une cheffe de cabinet adjointe d’un ministre fédéral à la présidence du conseil d’administration d’une société anonyme de droit public, la Loterie nationale. La jeune femme n’est pas un homme, c’est certain, et elle vient concrétiser « la féminisation des équipes » du MR. Aucun communiqué ne précisait qu’elle était aussi la soeur de la compagne du casseur de codes, aucun article non plus, ce qui l’a sans doute empêché de pouvoir reprocher quelque chose à la RTBF, mais ça n’a rien à voir avec du copinage puisque ça, c’est quand ce sont les autres qui le font.

Le vendredi matin, il regrettait, sur un autre média que la RTBF, la « médiocrité générale en politique » et tout l’ordre établi, celui des lecteurs de romans, des journalistes qui ne disent pas que notre diversification est belle et que le commu nautarisme des autres est laid, et des journalistes qui ne disent pas que le copinage des autres est du copinage.

Le lundi matin, sur une autre chaîne que la RTBF, il reprochait à la Région de Bruxelles Capitale d’envoyer des informations sur les vaccins dans d’autres langues que le français, le néerlandais « et à la limite l’anglais. Pas de communautarisme, point », et puis reprochait sur Twitter à un journaliste de la RTBF de faire remarquer que la Région wallonne et l’Etat fédéral envoyaient des informations sur les vaccins dans d’autres langues que le français, le néerlandais et l’anglais sans que ça n’embête le président du MR. Mais ça n’a rien à voir avec une sottise, puisque ça, c’est quand ce sont les autres qui les disent, et puisque c’est comme ça qu’il ne casse aucun autre code que ceux qu’il attribue faussement aux autres. Et que ça ne fait que commencer.

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