La canicule fera-t-elle davantage pour l’avenir de nos pensions que le gouvernement Michel?

La chaleur persistante de cet été coûtera des vies, c’est certain. Lors de la canicule de 2015, entre le 30 juin et le 5 juillet, il y a eu 410 décès supplémentaires dans notre pays selon Sciensano, soit 26% de plus par rapport aux taux de mortalité des cinq années précédentes.

Pour les scientifiques, la forte surmortalité est due à l’amplitude de la canicule: la température moyenne était de 26 degrés, avec très peu de refroidissement la nuit. C’est également ce que nous vivons depuis quelques semaines.

Il est certain qu’il existe un lien entre canicule et mortalité – l’année dernière des scientifiques de l’Université d’Hawaii à Manoa ont publié une étude dans laquelle ils décrivent 27 façons dont une vague de chaleur peut tuer. Les études sur la canicule qui a frappé la Belgique en 2015 ont montré que la surmortalité frappe tous les groupes d’âge, mais surtout les personnes de plus de 85 ans. Dans ce groupe d’âge, la surmortalité atteignait les 33%, dans le groupe des moins de 85 ans 24%. Il n’y avait pas de différence entre les hommes et les femmes, et les personnes atteintes d’une maladie cardiovasculaire formaient un groupe vulnérable.

Jan Latten, professeur de démographie à l’Université d’Amsterdam, a déclaré la semaine dernière au journal néerlandais Algemeen Dagblad qu’il était certain que la chaleur persistante de l’été coûterait des vies supplémentaires cette année. « Au début, l’hiver présentait un risque particulier, à cause de la grippe. À présent, nous considérons également que la chaleur représente un risque. Selon le Bureau central des statistiques néerlandais, la température optimale est de 16,5 degrés: le moins de personnes meurent. Tout écart vers le haut ou vers le bas provoque des morts supplémentaires.

Les Pays-Bas examinent les conséquences que les taux de mortalité élevés pendant les hivers rigoureux et les étés chauds peuvent avoir sur les pensions et surtout l’âge de la retraite – aux Pays-Bas après 2022, il sera directement lié à l’espérance de vie. Au bureau d’actuariat d’Amsterdam, Sprenkels & Verschuren, où les statisticiens calculent le montant des primes d’assurance, ils ont constaté qu’en 2016 et 2017 plus de personnes sont mortes que prévu. Et ils pensent que l’espérance de vie augmentera encore moins en 2018. Parce qu’en février et mars, plus de personnes sont mortes que les deux dernières années durant cette période. « Normalement, une vague de grippe ne survient pas chaque année, mais à présent il y a trois ans que nous la voyons revenir dans les chiffres de mortalité », explique le mathématicien Daan Kleinloog. « Et maintenant nous avons aussi une vague de chaleur. » Et donc on suggère de ne pas augmenter l’âge de la retraite aux Pays-Bas.

Inutile d’espérer qu’il en va de même pour la Belgique: aux Pays-Bas, l’âge de la retraite sera relevé à 67 ans en 2021, et un an plus tard à 67 ans et 3 mois. En Belgique, l’âge légal de la retraite n’est porté à 66 ans qu’en 2025 et à 67 ans en 2030. Oui, nous avons presque dix ans de retard sur nos voisins du nord. En réalité, les hommes belges prennent leur retraite à 61,3 ans en moyenne, les femmes à 59,7 ans. C’est très tôt comparé à d’autres riches pays industrialisés. L’âge effectif de la retraite aux Pays-Bas est de 63,5 ans pour les hommes et de 62,3 ans pour les femmes. Pour l’instant, les Néerlandais travaillent donc deux ans de plus que les Belges.

Pendant ce temps, nos politiciens débitent leurs boniments sur les pensions. La réforme des retraites est l’un des chantiers que le gouvernement Michel n’a pas encore réussi à mener à bien. La question est de savoir si c’est encore possible au cours de cette législature, car après les élections communales d’octobre se profilera le scrutin régional, fédéral et européen de mai 2019. Canicule ou pas: quand on pense à l’avenir de nos retraites en Belgique, la sueur nous vient au front.