Pierre Van Damme, épidémiologiste © Belga

La Belgique reconfinée: les réactions

Ce vendredi, le Comité de Concertation a décidé d’une série de mesures supplémentaires qui doivent endiguer la seconde vague de la pandémie de coronavirus et soulager les hôpitaux surchargés. Plusieurs experts et politiques ont réagi à l’issue de la conférence de presse.

« Les contacts sont limités mais il y a un peu de marge de manoeuvre »

« Il est impératif que nous continuions à limiter nos contacts. Mais en n’interdisant pas les mouvements non-essentiels, nous donnons quand même aux gens une certaine marge de manoeuvre », a ainsi déclaré l’épidémiologiste Pierre Van Damme dans « Het Journaal » sur la chaîne de télévision flamande Eén.

Les mouvements non-essentiels ne sont pas interdits et selon Van Damme, cela offre un peu de perspective. « Nous donnons ainsi aux gens la possibilité de se déplacer. Mais les familles ne sont autorisées qu’à avoir un seul contact rapproché. Les personnes isolées peuvent quant à elles avoir deux contacts rapprochés, afin qu’elles ne souffrent pas de la solitude. »

Pourquoi les commerces non-essentiels doivent-ils fermer? « Lorsque les magasins non-essentiels sont fermés, les gens ne se déplacent pas inutilement et c’est le plus important », a ajouté M. Van Damme.

Aucun changement dans les chiffres relatifs au coronavirus n’a encore été constaté dans notre pays, malgré les mesures prises il y a 14 jours, telle que la fermeture du secteur horeca. Selon M. Van Damme, les nouvelles mesures annoncées ce vendredi sont susceptibles d’avoir un effet positif. « Cela va principalement dans le sens de l’individualisation des ménages. C’est ainsi que l’on endiguera le virus. Cela va bien fonctionner. »

Selon l’épidémiologiste, c’est également l’avis des experts. « Le signal le plus important reste le suivant: restez à l’écart les uns des autres. C’est notre responsabilité à tous. »

Un « confinement strict » car un report n’était plus possible

Le virologue Marc Van Ranst parle d’un « confinement strict ». « La population s’attendait à cela, il faut donc oser le nommer », a-t-il indiqué vendredi soir à VTM Nieuws.

Selon M. Van Ranst, aucun report n’était possible. « C’était la réunion de la dernière chance. C’était vraiment le moment de prendre les mesures les plus sévères », a-t-il expliqué. Selon le virologue, un confinement devrait durer au moins quatre semaines pour être utile, mais il s’attend à un moment de réévaluation.

M. Van Ranst reconnaît que le confinement ne sera pas facile pour de nombreuses personnes et que des semaines sombres sont à venir. « Il sera plus important que jamais de rester en contact par d’autres moyens », a-t-il déclaré. « Un coup de téléphone de trop vaudra mieux qu’un de trop peu. »

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Les mesures de confinement renforcées seront d’application pendant un mois et demi, à partir de la nuit du dimanche 1er novembre au lundi 2 novembre. « Nous ferons tout notre possible pour pouvoir célébrer les fêtes de fin d’année d’une manière raisonnablement normale », a ajouté M. Van Ranst. « Mais ne vous attendez pas à ce que les grandes fêtes de famille puissent avoir lieu. »

Le virologue trouve « un peu ennuyeux » que le couvre-feu ne soit pas le même dans tout le pays, même si cela ne fera pas une grande différence dans la pratique. « À part pour sortir le chien, vous n’avez pas beaucoup de raisons de sortir la nuit. »

Le fait que les déplacements non-essentiels ne soient pas interdits n’aura pas d’impact négatif majeur sur les chiffres du coronavirus, selon lui. Cette décision a été prise parce que la limitation de la liberté de mouvement avait été « très accablante » lors du précédent confinement.

Frank Vandenbroucke: »Solidarité entre hôpitaux, régions et pays »

Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke a souligné vendredi soir la concertation en cours avec le monde hospitalier pour accentuer la solidarité par-delà les frontières intra-belges, mais aussi vis-à-vis des pays voisins.

Frank Vandenbroucke
Frank Vandenbroucke© Belga

Il a évoqué une organisation du travail qui permettrait de décharger des lits de soins intensifs, en déplaçant par exemple dans des sections hors soins intensifs des personnes qui ont besoin d’être ventilées. Il a aussi parlé de mobiliser des personnes pour aider au chevet des patients, comme des étudiants en médecine ou des pensionnés. « Si le chiffres continuent d’augmenter à ce rythme, il arrivera un moment où les portes des unités de soins intensifs se fermeront pour tout autre patient. C’est à ce moment que des choix devront être faits, et c’est ce que nous ne voulons pas ». Des patients sont déjà transférés de Belgique à l’étranger. Quatre patients de Liège ont ainsi été déplacés vers Allemagne, selon le ministre. « Ce ne sont pas encore des chiffres élevés, mais cette solidarité sauve des vie ».

Le ministre Weyts (N-VA) déplore l’obligation d’enseigner à distance aux 2e et 3e degrés

Le ministre flamand de l’Enseignement, le N-VA Ben Weyts, a déploré dès la fin du comité de concertation l’obligation pour les élèves des 2e et 3e degrés du secondaire de suivre un enseignement à distance.

Dans l’enseignement secondaire, les élèves des 2e et 3e degrés – soit à partir de la 3e secondaire – seront présents à l’école 50% du temps au maximum et ce jusqu’au 1er décembre. Avant cette date, les autorités évalueront si une présence à 100% du temps est à nouveau possible.

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« Les ministres de l’Enseignement des trois Communautés avaient déjà convenu, d’un commun accord, de prolonger les vacances d’automne jusqu’au 15 novembre. Je déplore vraiment la décision d’obliger toutes les écoles à pratiquer de l’enseignement à distance aux 2e et 3e degrés, même celles qui ne le veulent pas, même celles qui ne le peuvent pas, même celles scolarisant des élèves très vulnérables. Je suis très inquiet de l’impact sur les jeunes les plus vulnérables. Surtout eux pour qui l’école est en réalité le seul havre sûr », a commenté Ben Weyts.

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