Bernard De Vos, délégué général de la Communauté française aux Droits de l'Enfant. © Image Globe

« La Belgique doit rapatrier les mineurs belges actuellement en Syrie »

Le délégué général aux droits de l’enfant, Bernard De Vos, réclame jeudi des autorités belges qu’elles mettent tout en oeuvre pour assurer le rapatriement depuis la Syrie de tous les mineurs belges et de leur mère désireux de rentrer en Belgique, et de veiller ensuite à leur réinsertion dans la société.

« On évalue entre 130 et 140 le nombre d’enfants belges qui se trouvent, aujourd’hui, dans la zone dite du Califat défait au Moyen-Orient. 75% d’entre eux ont, d’après les informations disponibles, moins de 6 ans. 105 enfants seraient nés en Syrie. La plupart ont perdu un de leurs parents, si ce n’est les deux », pointe le délégué dans un communiqué.

Au regard de la Convention internationale des droits de l’enfant ratifiée par la Belgique, les autorités nationales ont pourtant l’obligation de protéger ces enfants et de les rapatrier, juge M. De Vos.

Or, déplore-t-il, la Belgique n’a toujours pas statué à ce jour sur le sort à réserver à ces enfants, ni envisagé un quelconque rapatriement. Au contraire, la Belgique n’a appréhendé jusqu’à présent cette question que sous le seul angle sécuritaire, le Conseil National de Sécurité (CNS) ayant défini fin février des mesures pour renforcer les contrôles en cas de retour éventuel au pays.

« La sauvegarde de notre sécurité ne peut, en aucun cas, se faire au détriment des droits des enfants », relève toutefois M. De Vos. « La Convention internationale relative aux droits de l’enfant est d’ailleurs explicite à ce sujet: jusqu’à 18 ans, on est un enfant. Un Etat de droit comme la Belgique a l’obligation de protéger les enfants contre leur participation à des conflits armés et contre toute forme d’exploitation ».

Pour le délégué général, il est en conséquence non seulement « urgent » de permettre le retour de ces enfants et de leur mère, mais « primordial de les aider à revenir ».

Il réclame en conséquence des « mesures effectives » des autorités belges pour les identifier, les localiser et les rapatrier en Belgique au plus vite.

Et les mineurs qui ont de leur plein gré rejoint les rangs de l’Etat islamique doivent eux aussi être rapatriés au pays, puis être soumis à la justice des mineurs « comme pour tout enfant suspecté d’avoir commis un fait qualifié infraction », défend-il.

« Il est indispensable de garder à l’esprit que ces enfants, jeunes et moins jeunes, ont tous été exposés à une intensité de violence qu’il est difficile d’imaginer. Il est plus que probable qu’ils en reviennent profondément traumatisés. Les plus radicalisés ne sont pas ceux qui choisissent le chemin du retour. Les +returnees+, comme on les a désormais baptisés, seraient plutôt désenchantés, en proie au doute, au désarroi. Ces mineurs doivent être avant tout considérés comme les victimes d’un conflit armé. », plaide-t-il.

Avant de conclure: « Gérer, faciliter leur retour et prendre soin de ces enfants constitue le meilleur moyen de prévenir de futurs actes de terrorisme violents chez nous. C’est exactement le contraire des éléments d’exclusion sur lesquels Daesh et d’autres groupes terroristes s’appuient pour recruter ».

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