Charles Michel © BELGA

La Belgique a convoqué l’ambassadeur de Turquie

L’ambassadeur de Turquie en Belgique a été convoqué mercredi après-midi aux Affaires étrangères à la suite de déclarations tenues par le porte-parole de l’ambassade à la suite du coup d’Etat qui a eu lieu dans ce pays, a annoncé le Premier ministre Charles Michel en réponse à des questions d’actualité à la Chambre.

Interrogé dans un journal flamand, le porte-parole de l’ambassade a affirmé que des organisations flamandes soutenaient le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d’être à l’origine du coup d’Etat de vendredi, et que le gouvernement flamand entretenait de bonnes relations avec ce mouvement.

Ces déclarations ont été condamnées mardi par le ministre-président flamand, Geert Bourgeois. Elles ont été qualifiées mercredi d’inacceptables par le Premier ministre. A croire la N-VA, il y aurait encore d’autres propos condamnables de ce porte-parole, tenus sur les réseaux sociaux et contenant des menaces à l’encontre de personnes identifiées.

Des troubles ont eu lieu pendant plusieurs soirées à Beringen, dans le Limbourg, où se trouve une association liée au mouvement Gülen. Ces événements ont suscité un certain émoi en Flandre. La Belgique n’acceptera pas une exportation des tensions qui ont lieu en Turquie, a averti M. Michel.

Lundi, le conseil national de sécurité a d’ailleurs donné des consignes de « tolérance zéro » aux services de sécurité à l’égard de toute forme de menace ou d’intimidation.

Le chef du gouvernement et le ministre des Affaires étrangères ont dénoncé vendredi la tentative de coup d’Etat militaire contre les institutions turques. La Belgique se montre également sévère à l’égard de la répression qui sévit depuis lors. « Ce qui se passe aujourd’hui est un dérapage, une dérive totalement inacceptable que nous condamnons », a souligné M. Michel.

Aux yeux de plusieurs partis, les événements qui se produisent aujourd’hui coulent par le fond l’idée d’une adhésion de la Turquie à l’Union européenne.

« De plus en plus, la Turquie tourne le dos au projet et aux valeurs européens. L’adhésion de la Turquie n’est aujourd’hui rien d’autre qu’un mirage », a souligné le Premier ministre.

Tant le coup d’Etat que la purge orchestrée par le président Recep Tayyip Erdogan ont été condamnés par les groupes politiques de la Chambre. Une députée d’origine turque a pris la parole au cours du débat.

« Mon coeur saigne en tant que femme politique belge, en tant que Belge aux racines turques mais encore plus en tant que démocrate », a lancé la présidente de Groen, Meyrem Almaci. « La Turquie n’a pas besoin d’une dictature militaire, pas plus que d’une dictature présidentielle ».

L’ambassadeur de Turquie a présenté ses excuses

L’ambassadeur de Turquie en Belgique, Mehmet Hakan Olcay, s’est engagé mercredi à prendre contact avec le ministre-président flamand, Geert Bourgeois, pour lui présenter ses excuses après des propos controversés tenus par le porte-parole de l’ambassade sur les liens entre certaines organisations flamandes et le mouvement « terroriste » du prédicateur Fethullah Gülen, a indiqué le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders. Dans la soirée mercredi, on apprenait du porte-parole de M. Bourgeois que le ministre-président flamand a accepté les excuses de l’ambassadeur.

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