Yves Desmet

L’ossature de la Belgique de demain

LA NOUVELLE ANNÉE NOUS DIRA si nous aurons un nouveau gouvernement ou si de nouvelles élections s’imposeront, alors que la Belgique se met à talonner le record du monde en matière de négociations prégouvernementales.

Yves Desmet, Editorialiste au Morgen

A y réfléchir, il faut bien constater que cela n’a rien d’étonnant. En effet, deux formations politiques dominantes ne sont jamais sorties victorieuses du scrutin fédéral avec tant de netteté, mais jamais non plus elles ont défendu des modèles politiques aussi opposés. En plus, elles ont daigné mettre sur la table pratiquement tous les problèmes que les générations précédentes n’ont cessé de renvoyer aux calendes grecques. Des questions comme BHV et la loi de financement ont toujours été mises au frigo, parce qu’on les jugeait trop compliquées ou trop explosives. Rien de tel, cette fois-ci.

En plus, en attaquant ces problèmes, les protagonistes se connaissaient à peine, contrairement à leurs prédécesseurs qui gardaient constamment le contact entre eux et savaient dès lors ce qui était réalisable ou non.

Les six mois écoulés pourraient être taxés de période de stagnation, au cours de laquelle le blocage du pays et l’impossibilité de gouverner dus à deux opinions publiques fondamentalement différentes ont été démontrés jusqu’à plus soif. Les négociations prenaient un caractère maniacodépressif, des pronostics prudemment optimistes étaient à chaque fois suivis de nouvelles crisettes. L’incapacité à atteindre un compromis a exposé le pays à la spéculation internationale, et d’importants problèmes de société ont été négligés.

Mais même si ces négociations interminables devaient déboucher sur un retour aux urnes, il est indiscutable qu’un travail de titan a été accompli. Aucun parti ne pourra ignorer ce labeur : les principes de base de Di Rupo, la note de De Wever, le modèle de financement de Vande Lanotte. Tous ces éléments préfigurent déjà, qu’on le veuille ou non, la nouvelle ossature de la Belgique de demain.

Bien sûr, il y a lieu de s’irriter des avancées beaucoup trop lentes, de toute cette énergie gaspillée dans la diabolisation des adversaires et dans les jeux tactiques. Mais il serait malhonnête, intellectuellement parlant, d’affirmer que rien n’a été fait.

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