Luc Van Der Kelen

L’Open VLD joue son âme

Luc Van Der Kelen Conseiller politique pour BPlus

QUE CELA NE MARCHERAIT PAS COMME SUR DES ROULETTES, l’Open VLD l’avait bel et bien prédit. Mais que la situation serait pire que lors des discussions sur BHV ? Non, ce n’était pas inscrit dans les astres.

Les choses peuvent-elles encore s’arranger entre Alexander De Croo et Elio Di Rupo ? Le doute est permis. Le jeune De Croo se sent en tout cas fort malmené par quelqu’un qui aurait pu être son père et chez qui on pourrait normalement s’attendre à une plus grande maturité.

Les francophones s’en prennent à l’Open VLD. C’est vraiment trop facile. En laissant la N-VA sur le carreau, le parti libéral flamand s’est exposé, avec le CD&V, à un grave risque existentiel, tout comme le MR qui s’est, de fait, auto-amputé. Ces trois partis ont fait preuve d’un grand courage politique. L’accord communautaire fut tout bénéfice pour le PS : Di Rupo a obtenu le statut du triomphateur et le PS a perdu un concurrent à Bruxelles. Quant auxdits partis flamands, le CD&V a pu monnayer l’accord communautaire. BHV était son dossier, il a raflé la mise. Et qu’en est-il du succès des libéraux ? Ils seraient servis à leur tour : au niveau du contenu des accords répondant au programme de l’Open VLD ; au niveau politique pour le MR par sa participation au pouvoir, de préférence à tous les échelons.

A plusieurs reprises, le jeune De Croo a essayé d’expliquer cette préoccupation à Di Rupo. Ne l’avait-il pas aidé à engranger une belle récolte communautaire ? N’était-il pas logique que De Croo reçoive une compensation en retour ? Quelques jolis trophées dans les domaines des pensions, du marché de l’emploi, un budget conforme aux aspirations de la Flandre, une politique davantage axée sur une économie plus performante et sur l’orthodoxie budgétaire.

Le formateur est-il vraiment allé à leur rencontre ? Sa bonne foi est hors de doute, certes. Mais la question est de savoir si Di Rupo est en mesure de comprendre le discours d’un parti comme l’Open VLD ? Il faut savoir que les matières sociales, financières et économiques sont le core business d’un parti comme l’Open VLD. Ce sont justement celles-là qui constituent le parti, qui lui donnent son âme. Il n’y va pas d’une simple addition arithmétique, c’est une histoire politique qui est un jeu. Mais le formateur est-il apte à entrer dans cette histoire ? Un grand homme politique ne peut forcer le respect que s’il permet à ses partenaires de « scorer ».

Luc Van der Kelen, Editorialiste au Laatste Nieuws

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