Yves Desmet

L’offensive de charme des francophones

Paul Magnette (PS), Melchior Wathelet (CDH) et Jean-Marc Nollet (Ecolo) ont tenté de battre le record du monde de l’offensive de charme.

Par Yves Desmet, Editorialiste au Morgen

Le weekend dernier, dans un studio de télévision flamand, ils ont appelé non seulement la N-VA à conclure un accord sur la loi de financement, mais ils ont insisté aussi sur le fait qu’aucun tabou ne devait subsister à ce propos. Même l’impôt sur les personnes physiques, à les entendre, était négociable, même si, bien entendu, quelques semaines leur devaient être consenties pour en évaluer toutes les conséquences.

Siegfried Bracke (N-VA), lui aussi, a déclaré que son parti souhaitait aboutir à un accord et qu’il était prêt à laisser tomber son exigence de régionaliser l’impôt sur les sociétés. Il y avait belle lurette que tant d’amabilités avaient fleuri lors de négociations en vue de la formation d’un gouvernement. Cela dessine fort bien les contours de ces pourparlers qui suivent de plus en plus un rythme maniaco-dépressif. Un jour, personne n’aperçoit plus le bout du tunnel, et des spéculations sur l’organisation de nouvelles élections vont bon train ; le lendemain, on réalise que toutes les fois qu’il tonne, la foudre ne tombe pas et on entrevoit des possibilités de réaliser, peut-être, l’un ou l’autre progrès minuscule.

A l’exception des membres du défunt High-Level Group, de quelques grosses légumes dans les partis politiques et de certains journalistes spécialisés, personne ne sait plus de quoi il retourne au juste. La danse d’attirance et de répulsion devient de plus en plus un combat de perception, où prévaut la construction d’une réputation (image-building), exercice difficile s’il en est. On tient à affirmer son sens des responsabilités et sa volonté d’arriver à un compromis, tout en faisant la démonstration qu’on n’ira pas jusqu’à baisser son pantalon face à la partie adverse.

Si on réussissait à régler le problème de la loi de financement, tout ce petit rituel sera remis en branle quand il faudra mettre en oeuvre le plan de quelque 25 milliards d’euros d’économies. Les desseins des participants à ce jeu sont loin d’être clairs. L’alternance de coups rudes et de manifestations de gentillesse ne rapproche nullement les partis du but final : souhaite-t-on vraiment conclure un compromis ou se prépare-t-on seulement à se donner bonne conscience au cas où les choses tournaient mal ? Les partis ignorent les réelles intentions les uns des autres : c’est leur handicap majeur. On attend encore à voir les premiers signes de leur confiance réciproque.

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