Marina Cox, Arnaudville, 2016. © Marina Cox/Box Gallery Bruxelles

L’oeuvre de la semaine: Sur un parking de Louisiane

Guy Gilsoul Journaliste

Cela se passe à l’Ouest de Bâton-Rouge, dans la petite ville d’Arnaudville, 2 km2 et 1057 habitants. Le Mississipi y a laissé un de ses bras peu profonds qu’on appelle ici le Bayou.

Sur Mainstreet, les poteaux électriques en bois sont de guingois, l’asphalte usé. Seul, le magasin Deli offre une carrosserie sans tache. Marina Cox ira-t-elle y acheter un plat préparé ? Elle marche et cherche. Elle voit sur le parking rythmé par les bandes jaunes, une voiture rutilante dans son habit brillantissime et ses enjoliveurs de machos. Sur fond de mur blanc immaculé, la couleur violette fait écho au mauve des joyeux pictogrammes. Sous le lettrage, à la manière d’une réponse à l’arrogance du véhicule garé, un caddy vide, squelette métallique d’une société anale en mal d’hédonisme immédiat donne sens à l’ensemble. Tout pourtant n’est que suggéré dans cette photographie et tout est là des chemins de traverse de cette Amérique du Blues qu’a voulu explorer, pour la deuxième fois la photographe belge. Elle aurait pu s’arrêter au bar local, tirer le portrait des musiciens Cajun, noter les réunions au NuNu’s où les anciens viennent parler le français de leurs ancêtres. Elle préfère des instants de silence qui en disent plus long. En 1991, elle avait découvert cette partie du monde et en avait ramené des photos en noir et blanc. Cette fois, elle révèle son talent de coloriste au service d’un regard critique. Documentaire alors cette photographie ? Oui mais à la condition de faire sienne la phrase de Walker Evans : « Ce que je trouve vraiment bon dans l’approche dite documentaire en photographie est le supplément de poésie ».

Box Galerie, 102 chaussée de Vleurgat, 1050 Bruxelles. Jusqu’au 8 juillet. Du mercredi au samedi de 12h à 18h. Site : boxgalerie.be

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire