Véronique Boissacq, Rosalie, 2016. © Véronique Boissacq

L’oeuvre de la semaine : La rebelle

Guy Gilsoul Journaliste

La photographe bruxelloise Véronique Boissacq (°1965) peut photographier une rose ou quelques plumes blanches et légères, habiller un décor de perles électriques mais depuis vingt ans, ce sont des regards qu’elle cherche à entendre.

Ces confidences, elle les reçoit d’enfants très jeunes à la peau claire, maigres souvent, fragiles toujours. Elle les prend à mi-corps, nus ou à peine couverts par un tissu à l’épiderme soyeux ou une chevelure éthérée.

Dans certaines mises en scène, une petite fille tient un papillon, un garçon pointe un revolver. Entre ces deux « accessoires » se faufile à pas feutrés, un basculement qui dit en un même lieu la douceur et la violence, le soi et le poids de la doxa.

Cette fois, les modèles ont vieilli et les gamines sont devenues des adolescentes. Elles ont souvent les cheveux longs derrière lesquels, parfois elles se dissimulent. Comme les princesses de leur enfance, elles portent toujours des parures, un diadème fleuri sur la tête, une perle dans le nombril. Mais aussi un tatouage comme une arme dressée à fleur de peau.

Le visage parfois se découvre et fixant l’objectif, nous livre un regard rebelle, mis à nu, jeté à la face du monde qui va mal, douloureux dans sa transparence et porteur d’une vitalité vengeresse.

Oui, Véronique Boissacq a l’art de donner la parole au modèle qui, par-delà les simulacres de la séduction fantasmée, portent les stigmates d’une douleur profonde. A moins qu’elle n’attende l’instant où dans ce regard, cette chevelure rebelle et cette physionomie, elle ne retrouve le sien.

Le titre de l’exposition contient au demeurant toute l’ambiguïté du propos : « Grâce à elles ».

« Grâce à elles » – Bruxelles, Galerie Louise Amart

34 rue Dejoncker. Jusqu’au 15 janvier. Du Je au Sa de 14 à 18 heures.

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