L’oeuvre de la semaine: Jean Dalemans, « Lien »

Grand anguleux, le crâne lisse et de l’énergie 10.000 volts dans les artères, voilà Jean Dalemans, ardennais de naissance, brabançon d’adoption.

La terre, il connait mais mieux encore la roche comme celle qui rythme les reliefs de son enfance. Il aime marcher sur ces pierres, en éprouver la densité au toucher, en écouter les résonnances, en sentir l’odeur et, dans l’atelier, éplucher ce fragment tellurique arraché à la planète. Avec la patience d’un copiste du moyen-âge, il descend ainsi dans l’Histoire minérale, en révèle les dessous, la mémoire jusque-là recouverte. Au fond, il ne se préoccupe pas de donner à cette quête une esthétique héritière de la sculpture moderne et préfère ériger ses oeuvres en « montagne » ou en demeure » dont il signale parfois l’accès. Seule cette aventure révélée le passionne. Il ne vise pas davantage le monumental, proposant au contraire des sculptures-objets dont il faut s’approcher pour en découvrir la monumentalité. Peut-être trouvera-t-on un « lien » (titre de l’exposition) avec cette autre part de son activité quand, au hasard d’une rencontre, il se propose de réaliser des peintures calligraphiées « en duo ». A la différence d’une procédure bien expérimentée par les artistes de Cobra et qui réclamait une intimité de vision entre les protagonistes, Jean Dalemans propose au contraire un jeu d’improvisations à une altérité qu’il ne connait pas ou si peu. Là aussi, l’important se niche dans l’expérience de la découverte davantage que dans l’objectif esthétique.