Sans tire, 2019. © Thomas Mazzarella

L’oeuvre de la semaine: Hockney revisité

Guy Gilsoul Journaliste

En lieu et place de la piscine californienne des années Pop qui fit la célérité du peintre anglais David Hockney, le carolo Thomas Mazzarella plombe l’ambiance avec une image aux teintes de sorbet.

Aux reflets d’eau chlorée a fait lace une piscine à sec et au ciel bleu des insouciances, une boîte fermée avec large baie vitrée et lianes serpentines. Enfin, le baigneur n’a laissé de sa présence que des traces ouvrant sur l’hypothèse. Il était allongé sur l’essuie de bain. Mais, il s’est déshabillé, déposant avec soin son pantalon, son singlet blanc, ses chaussettes et nu comme Adam, il a même abandonné le walkie-talkie qui le reliait au monde. La présence de l’échelle ouvre les hypothèses, façon no-sens des cartoonistes.

Or, le peintre ne cherche pas à nous raconter une histoire. Il propose seulement, sur fond de coloris ludiques venus en droite ligne des premiers jeux vidéo, un décor et des accessoires en contours nets et arrondis : « La vie est un parc d’attraction et vous avez droit à plusieurs vies » écrivait en évoquant le travail de l’artiste, son ami le peintre Clément Borre.

Oui, Thomas Mazzarella appartient à cette génération née avant les grands chambardements à la fois géo-politiques et technologiques des années 90, à l’heure Nintendo. Super Mario, Link et Zelda puis Valerian et Laureline. Le futur se mêle aux nostalgies, l’univers rosit, fleurit et s’expatrie. La science- fiction préférée aux horizons du chômage. Dans son enfance, autour de lui, pour masquer l’agonie d’une époque, les adultes font reverdir les terrils et imaginent, dans les jardins, de petits mondes construits à coups de coquillages gris et de rocailles en béton. Lui, comme tant d’autres, vit ailleurs et autant dans les couleurs de « La planète interdite » qu’à bord des vaisseaux de Star Wars.

Et pour préparer son avenir, il s’engouffre ado dans des études d’informatiques puis d’infographie. Et s’il devenait « artiste » ? Le voilà aux Beaux-arts de la cité ardente à l’écoute du truculent ymagier Laurent Impeduglia (récemment aux cimaises du Triangle bleu à Stavelot), le voilà peintre graffitiste dans les rues de Liège, de Namur, d’ailleurs, les écouteurs dans les oreilles. Le voilà amoureux. Le voilà solitaire, à mi-parcours de la vie, observateur du monde auquel il s’échappe en choisissant de peindre avec lenteur sur de très petits formats en teintes pastel et formes aux saveurs de gommes. Mais comme les « bonbons sûrs », l’acidité fait aussi partie du plaisir.

Rossicontemporary. Rivoli Building. 690 chaussée de Waterloo (1180 Bruxelles).

Jusqu’au 2 mars. Jeudi et vendredi de13 à 18h le samedi de 14 à 18h.

www.rossicontemporary.be

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