Difficile de photographier une peinture du Belge Michel Frère. © Michel Frère

L’oeuvre de la semaine : Derrière la vitre…

Guy Gilsoul Journaliste

Difficile de photographier une peinture du Belge Michel Frère. En cause, le vitrage devant lequel le spectateur se voit regardant un tableau dans lequel il ne distingue d’abord rien.

Imposé par l’artiste à la manière d’un piège (ou d’une précaution), cette transparence fait bel et bien partie du concept de l’oeuvre en ce qu’elle agit comme toute imagination créatrice qui, si l’on suit les réflexions de Gaston Bachelard, associent toujours désir et rejet, victoire et défaite. Car derrière l’obstacle, l’esprit chercherait en vain une forme reconnaissable, une structure et moins encore un sujet.

Mais le voilà happé par un plein de matières, épaisses, superposées, sédimentées, onctueuse associant sans contraste les bruns, les noirs et les verts sourds. Il devinera seulement le peintre au travail, entre joie et colère, affrontant, s’immergeant à son tour dans une masse informe en perpétuel devenir comme le veut l’imaginaire de la matière, celle qu’ont rencontré avant lui, Gustave Courbet, James Ensor ou encore Eugène Leroy, tous peintres dont l’oeuvre se réclame.

Né en 1961, Michel Frère entame des études de photographie à la Cambre avant de rejoindre les ateliers de peinture et de dessin de Roger Dudant et de Pierre Lahaut. Son choix est fait : il sera peintre. Et peintre de la belle et grasse matière à l’huile.

Après une exposition dans la courageuse galerie Détour à Jambes en 1984, il expose à la Jeune Peinture aux Beaux-Arts de Bruxelles et, remarqué par Albert Baronian, rejoint l’écurie du marchand bruxellois qui le propulse, plus vite que son ombre, dans les milieux internationaux et ce jusqu’à New-York. Tout va peut-être trop vite.

En 1996, Laurent Busine lui consacre déjà une première rétrospective. Michel Frère brûle sa vie et meurt à 39 ans. Il ne tombera pas dans l’oubli.

En 2015 encore, Albert Baronian lui consacrait une nouvelle exposition. Cette fois, sa peinture rejoint d’autres oeuvres de quelques géants de l’art contemporain comme Jannis Kounellis, Thomas Schutte, Juan Munoz, Giuseppe Penon et quelques autres dans la galerie Bernier-Eliades, dont la maison-mère est installée à Athènes.

Bruxelles, Galerie Bernier-Eliades, 46 rue du Châtelain, Exposition « Mineral ».

Du mardi au samedi de 12h à 18h.

www.bernier-eliades.com

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