Collection Roger Caillois. © Collection Roger Caillois.

L’oeuvre de la semaine : De chair et de pierre

Guy Gilsoul Journaliste

Qui n’a pas plongé les mains dans l’eau vive et glacée d’un torrent de montagne pour y cueillir un galet roulé par les millénaires et dont l’éclat nous fascine.

Ramasser des pierres constitue l’un des premiers gestes « artistiques » de l’humanité puisqu’on sait qu’à l’heure des outils taillés, des hommes avaient déjà collectionné des minéraux. D’autres en feront des objets magiques. C’est que le « temps » de la roche ne correspond pas au nôtre et qu’il donne le vertige.

Au XXe siècle, à la faveur à la fois de la découverte des primitivismes et de l’art pariétal, certains artistes ont renoué avec la taille directe. Ossip Zadkine ((1890-1967) fut l’un d’eux qui accueille en ce moment dans son musée parisien une exposition intitulée « être pierre ». Les oeuvres présentées (mêlant anthropologie et art des XXe et XXIe siècles), sculptures, installations, vidéos et photographies promènent le visiteur aux différents horizons des rapports entretenus avec ce matériau aussi dur que secret.

Certaines donnent le vertige comme ce long collier de fossiles signé Katie Patterson (°1981) dont chaque perle décline un évènement majeur de l’évolution de la vie sur terre. Ou encore, Claude Cahun (1894-1954) dont les textes littéraires comme ses mises en scène photographiques tiennent souvent de l’autobiographie.

Ainsi cette oeuvre en noir et blanc où, d’un trou creusé dans une pierre dressée, elle fait sortir le bras comme si son corps était emprisonné au coeur du minéral. Pourtant, c’est une pierre trouvée par Roger Caillois qui nous a le plus intriguée. De par son dessin évocateur, ses transparences et ses lumières, elle fige une aventure aux échos organiques, voire sexuels.

Le collectionneur, à la fois sociologue et ami d’André Breton et Max Ernst avait en effet épinglé le rôle de l’imaginaire dans le regard posé sur les cristaux, gemmes et autres concrétons minérales.

Paris, musée Zadkine : 100bis rue d’Assas (6e).

Jusqu’au 11 février. Du mardi au dimanche, de 10h à 18h. www.musee.zadkine.fr

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