Station électrique Tesla, à Salt Lake City © Reuters

L’indispensable stockage électrique: le grand retard de la Belgique

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Avec l’envolée de ses batteries à usage domestique, la firme Tesla amorce une révolution dans le stockage de l’électricité. La Belgique, elle, tarde à répondre au défi, faute d’un signal politique clair. En cas d’échec, c’est le consommateur qui paiera le prix fort.

Face à la montée en puissance des énergies renouvelables, la Belgique devra stocker son électricité pour couvrir ses besoins futurs et répondre aux pics de consommation. Malgré l’ampleur du défi qui s’annonce, la révolution du stockage électrique, indispensable condition de réussite à l’indépendance énergétique, tarde à s’y dessiner. A l’étranger, plusieurs grandes firmes y voient déjà un axe majeur de leurs perspectives futures. Début mai, la société californienne Tesla a annoncé avec grandiloquence la commercialisation de sa Powerwall, une batterie électrique à usage domestique permettant de délivrer 7 ou 10 kilowattheures (kWh). Les deux versions feront leur apparition sur le marché américain dès cet été, au prix respectif de 3 000 et 3 500 dollars. Leur arrivée en Europe est prévue pour 2016. Et les carnets de commande sont déjà pleins.

« Le coût de ces batteries revient à 300 euros par kWh produit, commente Damien Ernst, professeur en électromécanique à l’ULg. D’ici à cinq ou sept ans, l’expansion de la technologie permettra sans doute de descendre à 100 euros par kWh, mais pas en deçà. Or, ce coût reste trop élevé pour gérer les fluctuations intersaisonnières générées par le photovoltaïque. » Le président de la Commission wallonne pour l’énergie (Cwape), Francis Ghigny, se montre également critique à l’égard d’un tel investissement. « Pour le moment, installer des batteries à usage privé n’est pas du tout rentable », confirme-t-il.

Reste que la Belgique affiche un inquiétant retard dans la mise en oeuvre d’une régulation favorable au stockage de l’électricité. En avril, la Commission de régulation de l’électricité et du gaz (Creg) a publié une étude de 100 pages sur la question. En marge des indispensables progrès à réaliser sur le plan de l’efficacité technologique, le travail de la Creg pointe les multiples taxes grevant l’opportunité de stocker l’électricité. Elle recommande notamment au gouvernement fédéral d’exonérer les unités de stockage de la cotisation fédérale dont elles doivent jusqu’à présent s’acquitter lorsqu’elles prélèvent de l’électricité. Mais les gouvernements régionaux auront également un rôle à jouer afin d’instaurer un régime tarifaire plus avantageux pour les centrales de stockage raccordées au réseau de distribution.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

– Quelle méthode de stockage ?

– Pourquoi les projets n’ont-ils pas encore vu le jour ?

– « Il faut une régulation avant-gardiste »

– Les projets wallons

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