L’indépendance de l’Agence fédérale de Contrôle nucléaire (AFCN) remise en cause par un audit révélé par Groen

Le parti écologiste flamand Groen a mis la main sur un audit interne de l’Agence fédérale de Contrôle nucléaire (AFCN) qui révèle, selon lui, de sérieux dysfonctionnements au sein du gendarme du secteur nucléaire, a-t-il annoncé lundi.

Ce rapport montre « en particulier une influence politique croissante » dans les dossiers liés aux centrales nucléaires. L’Allemagne et le Luxembourg ont demandé un arrêt temporaire des réacteurs nucléaires de Doel 3 et Tihange 2, rouverts il y a peu après une longue pause, « le temps de mener d’autres examens » sur leur sécurité. En réaction à cette demande, formulée mercredi par la ministre allemande de l’Environnement, Barbara Hendricks, le gouvernement fédéral a invoqué l’indépendance de l’AFCN. Celle-ci a autorisé le 17 novembre dernier l’exploitant des centrales nucléaires belges, Electrabel, à procéder au redémarrage des réacteurs de Doel 3 et Tihange 2. Ils étaient à l’arrêt depuis 2012 en raison d’incertitudes quant à leur sûreté, après la découverte de micro-fissures dans les cuves en acier des deux réacteurs.

« Aujourd’hui, nous lisons noir sur blanc dans un audit que cette indépendance (de l’AFCN) est contestée », a affirmé le député Groen Kristof Calvo. Selon lui, cet audit est assez cinglant et réclame des mesures urgentes pour améliorer le fonctionnement de l’AFCN. « Il y a du travail pour l’AFCN, mais aussi pour le ministre de tutelle, Jan Jambon (N-VA). Il s’engage bien trop peu en faveur de la sécurité nucléaire au profit des nos concitoyens et entreprises », a ajouté le député écologiste.

Les ministres belges Jan Jambon, Marie-Christine Marghem et la ministre néerlandaise Melanie Schultz, à Doel, le 20 janvier 2016
Les ministres belges Jan Jambon, Marie-Christine Marghem et la ministre néerlandaise Melanie Schultz, à Doel, le 20 janvier 2016
© DR

Cet audit, commandé par l’agence, indique notamment qu’une « impression existe que l’indépendance de l’agence vis-à-vis du monde politique et économique se réduit progressivement ».

Selon M. Calvo, le personnel de l’AFCN est en droit de se demander si l’on tient vraiment toujours compte du travail effectué et si la direction n’est pas mise sous pression pour accepter des compromis – une remarque qui vaut principalement pour les dossiers liés aux centrales nucléaires.

Le directeur général de l’AFCN, Jan Bens, a quant à lui une nouvelle fois défendu dimanche, lors de l’émission De Zevende Dag de la VRT, la qualité de l’analyse des installations nucléaires réalisées par son agence.

L’audit cité par Groen souligne encore que personne ne conteste l’expertise de l’AFCN. « Mais l’agence n’est toutefois pas reconnue comme une grande autorité, (réalisant) des actions cohérentes et qui réussit à se positionner dans le paysage institutionnel en Belgique et à donner des indications claires en matière de marche à suivre ». Les écologistes flamands ont réclamé une réunion rapide de la sous-commission de la Chambre sur la sécurité nucléaire avec la présence de l’AFCN et du ministre de la Sécurité et de l’Intérieur, Jan Jambon.

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