Bruno Tobback © Belga

L’idée d’un front de gauche avec Groen ressurgit au sp.a

Elle avait été relancée il y a quelques jours par l’ex-ministre Freya Van den Bossche, l’idée d’un front de gauche flamand autour du sp.a et de Groen est défendue aujourd’hui par une poignée d’élus et mandataires socialistes flamands. Le président sortant du sp.a Bruno Tobback, en campagne pour l’élection à sa succession, ne l’écarte pas même s’il se montre particulièrement prudent.

Dans la foulée de Freya Van den Bossche appelant à un « large mouvement de gauche », c’est le bourgmestre de Gand Daniël Termont qui s’est montré enthousiaste à l’occasion de son discours du 1er mai. Un « cartel de gauche » pourrait potentiellement atteindre 30% en Flandre, a-t-il fait observer.

L’idée n’est pas neuve puisque feu Steve Stevaert avait déjà tenté le rapprochement avec les écologistes flamands qui s’étaient montrés méfiants. Côté francophone également, les Verts avaient fini par renoncer aux « convergences à gauche » par crainte de se voir absorber par le parti socialiste. Depuis, en Flandre, le paysage politique n’a cessé d’évoluer à droite. En recul, le sp.a n’est plus qu’un parti de taille moyenne. Groen progresse élections après élections mais reste la cinquième formation flamande.

C’est surtout à Anvers, ancien bastion socialiste arraché par le tout puissant Bart De Wever que les regards se tournent. Dans certains esprits, on a déjà les élections communales de 2018 en tête et d’aucuns s’interrogent sur le nom de celui qui pourrait apparaître comme chef de file face au président de la N-VA, bourgmestre de la métropole. Or, pour la députée européenne Kathleen Van Brempt (sp.a), qui s’est exprimée dimanche sur la chaîne de télévision régionale ATV, il n’est « pas impensable » que ce puisse être Wouter Van Besien, ex-président de Groen, aujourd’hui recentré sur la cité portuaire et le parlement flamand. Mais avertit-elle, un front des gauches ne peut se résumer à l’addition de deux partis qui s’associent en cartel; il faut une lame de fond, une implication de la base.

Prudent, l’actuel président du sp.a Bruno Tobback est d’avis que « le sp.a doit rester ouvert à l’idée de se retrouver à table avec tous les progressistes ». Il préfère envisager les choses sous la forme d’une collaboration qui « prendrait de l’ampleur spontanément ». Et il rappelle, comme d’autres, que pour danser le tango, il faut deux partenaires. Et que « ce n’est pas par médias interposés, qu’on se lance dans une opération de séduction ».

Du côté de Groen, la première réaction émane du chef de groupe des écologistes à la Chambre Kristof Calvo, guère impressionné par la « parade nuptiale » du sp.a ou en tout cas par son calendrier. Faire du 1er mai, le jour de la Fête du travail, un événement propice à la constitution de cartels est « sérieusement problématique » alors que les gens attendent qu’on se préoccupe de leurs jobs et non « pas de ceux des politiciens », a réagi vertement sur Twitter celui qui est plutôt attaché à privilégier des ponts avec le parti frère francophone, Ecolo.

« Un siècle nous sépare des prochaines élections, les gens ont d’autres chats à fouetter et attendent, en ce moment, autre chose que l’annonce de la constitution d’un cartel », a également commenté la présidente de Groen Meyrem Almaci. Celle-ci voit cependant dans les interventions d’élus sp.a un « beau compliment » à l’égard du travail accompli par les écologistes dans les parlements et les communes, la preuve en quelque sorte que Groen tient le bon cap. Son parti mène une opposition constructive et continuera à proposer des alternatives, a-t-elle souligné.

Meyrem Almaci ne balaye pas pour autant d’un revers de la main l’idée de constituer un cartel de gauche mais, dit-elle, « Groen n’est pas occupée à se soucier de son propre sort mais bien de celui des gens et des conséquences désastreuses qu’ils subissent en raison de la politique d’austérité menée par les gouvernements fédéral et flamand ». En ce qui nous concerne, précise-t-elle, « le 1er mai doit être l’occasion de se focaliser sur les emplois, le stress au travail, la prévention des burn-outs et c’est en vue de répondre à ces défis que nous cherchons des partenaires dans la société et au parlement ».

En succédant à Wouter Van Besien à la tête de Groen en septembre 2014, l’Anversoise Meyrem Almaci avait dit vouloir privilégier des alliances, constitutives, selon elle, « de l’ADN de Groen ». Elle ne s’était pas encore prononcée alors sur la forme concrète que ces alliances étaient censées prendre.

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