Luc Delfosse

L’honneur perdu d’Elio Fillon et François Di Rupo

Luc Delfosse Auteur, journaliste

Une commission d’enquête  » Publifin « . Bravo ! Enfin ! Voilà qui est autrement crédible que quelques dons à la Croix rouge, même si l’on voit bien qu’il s’agit de faire porter le bonnet d’âne à la seule fédération liégeoise du PS. N’empêche : quelle affaire pathétique !

Onze ans et quatre mois après avoir lancé son martial et célèbre « J’en ai marre des parvenus », Elio Di Rupo semble découvrir qu’il ne s’en prenait pas à des fantômes mais une caste en chair et en os. Lui! Oui lui, assurément l’un des six hommes les mieux informés de Belgique sur les turpitudes, petits arrangements et grenouillages du microcosme politique.

Chante fifi ! Pendant onze ans et quatre mois, ces élites socialo-rupines dont plusieurs chefs de cabinets et experts nommés par le président en personne, ont évidemment continué à se comporter en toute impunité en véritables pilleurs du système. C’est beau comme du Fillon, n’est-ce pas? Sauf que, en l’occurrence, le candidat à l’investiture présidentielle plongeait lui-même les doigts dans le pot à confiture pour en gaver sa moitié et ses héritiers. Le président à vie du PS, lui, ne faisait « que » savoir que certains de ses hommes liges s’empiffraient de marmelade. Raaah, les immondes « parvenus ! ». Il ne s’est contenté, pourtant, que d’un léger beuglement. D’une pichenette. D’un trépignement énervé. Disant cela comme cela, sans agir, il a évidemment conforté l’impunité des nababs de sa famille. Et, du même coup, révélé à la face du monde qu’il n’avait pas plus d’autorité qu’une mère d’enfants trop gâtés.

Car enfin, s’il n’y avait eu cette dénonciation d’un « petit » élu du CDH et les remarquables enquêtes de quelques journalistes, croyez-vous que quoi que se soit aurait changé? Non, évidemment non ! Pendant onze ans et quatre mois (pour ne pas dire remonter au siècle dernier !), Di Rupo n’a pas cru bon de mener la moindre investigation interne. Pire : une fois son petit couplet chanté, il n’a manifestement pas fait preuve de la plus élémentaire des vigilances. Voila pourquoi, sans me lasser, je m’étonne que le président à vie du PS qui se révèle être, comme on disait naguère, un « tigre de papier », n’ait pas la décence d’engager sa propre responsabilité dans cet épisode sordide qui discrédite sa personne, son parti et -c’est beaucoup plus préoccupant, la démocratie.

Il ne suffit pas de hurler à la face du monde, que l’on est un « honnête homme ». Encore faut-il le prouver. A droite, Fillon y a failli. A gauche, Di Rupo aussi. Qui croyez-vous qui, tôt ou tard, va tirer profit de ces orgueilleux aveuglements? A vous cramponner dans la pose de l’innocent crucifié, il y a gros à parier que c’est nous que vous condamnez au plus noir des avenirs.

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