Christophe Leroy

L’éolien wallon se replie pour mieux avancer

Christophe Leroy Journaliste au Vif

La cartographie éolienne n’a pas résisté aux critiques déversées par le monde politique et scientifique. Ce pas en arrière, plutôt symbolique, traduit surtout la volonté d’accélérer l’épineux dossier à l’approche des élections.

Le malaise était devenu trop palpable que pour feindre de l’ignorer. Le gouvernement vient de tirer les leçons de l’enquête publique portant sur la cartographie du cadre de référence éolien, grand dossier porté par le parti Écolo. Et les conclusions sont sans appel : critiqué par le monde politique local et régional, mis à mal par des acteurs crédibles des sphères scientifique et environnementale, le document devait disparaître.

L’inverse, c’est-à-dire un passage au forceps des ministres Philippe Henry (Aménagement du territoire) et Jean-Marc Nollet (Énergie), aurait sans doute été fatal à la stratégie éolienne wallonne, à l’heure où la campagne électorale peut aisément dynamiter la majorité du gouvernement. Ce geste d’humilité, salutaire, n’a toutefois rien d’un mea culpa. Ni même un impact majeur quant au fond du dossier. Les fameuses « zones favorables » ont effrayé riverains et communes : elles ont donc été gommées. Rien de plus.

Le décret éolien, lui, attend toujours sagement son heure. Un peu trop discrètement, d’ailleurs. Lors de l’enquête publique, de nombreux interlocuteurs avaient formulé le regret que ce document stratégique ne soit pas, lui aussi, soumis à consultation. Car c’est bel et bien le décret qui fixera les nouvelles règles, déjà contestées, en termes d’implantation et de négociations des futurs parcs éoliens. Sans un petit pas en arrière de la part des ministres en charge du dossier, il est très peu probable que le texte aurait été adopté, avant ou après le scrutin électoral.

La disparition de la cartographie éolienne vise donc à apaiser les esprits. « Message entendu ! », diront plutôt ses instigateurs. Mais si la manoeuvre est avant tout stratégique – et donc politique -, elle a le mérite de remettre, à nouveau, les questions les plus pertinentes au-devant de la scène. Celle de l’indépendance énergétique, de la pertinence de l’éolien, du défi monumental de l’énergie renouvelable, du mix énergétique. De l’avenir, tout simplement.

De quoi entrevoir un léger repli dans l’affrontement perpétuel et souvent réducteur que se livrent les pro- et anti-éoliens les plus farouches. Le débat de fond n’en sera que meilleur. Il est grand temps.

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