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L’axe vert bleu, le nouveau dragon à quatre têtes de la N-VA

Stavros Kelepouris
Stavros Kelepouris Journaliste pour Knack.be

La crise gouvernementale laisse des traces : dans les cercles politiques, on envisage de plus en plus un prochain gouvernement sans la N-VA.

Seul contre tous : c’est le point de départ préféré de la N-VA, qui aime se présenter comme la seule alternative aux partis du système à ses yeux tous plus à gauche les uns que les autres. De ce point de vue, le « Marracrash » a apporté de bonnes nouvelles pour la N-VA. A six bons mois des nouvelles élections fédérales, le départ du gouvernement a souligné la différence avec les anciens partenaires de la coalition. Le départ et l’intransigeance – ou plutôt la « fermeté de principe « , selon les personnes interrogées – de la N-VA ont causé de profondes blessures et fait rêver les partenaires de la coalition suédoise à une alternative sans la N-VA. La rumeur d’un axe vert bleu déterminant pour le scrutin du mois de mai enfle.

Cet axe vert bleu compléterait le tandem CD&V-MR, beaucoup plus crucial. La relation entre Wouter Beke et Charles Michel est très bonne, même après la chute de Michel-II. Ces dernières années, leurs partis se sont trouvés très facilement. C’est dû au fait que MR est beaucoup moins bleu que les libéraux flamands de l’Open VLD. À droite du MR, la Wallonie est une terre en friche, ce qui fait que le parti a rarement eu à forcer sur la droite et qu’il a un profil beaucoup plus au centre que l’Open VLD.

Si l’orange bleue veut se passer de N-VA, il faut regarder à gauche. Et c’est là qu’intervient le fameux axe vert bleu. Tout d’abord, il y a une logique numérique : au-dessus et en dessous de la frontière linguistique, les écologistes se portent très bien, même si cela ne s’est pas encore traduit par une avalanche de mandats.

Lors d’un sondage effectué en décembre de l’année dernière, la famille verte, qui formait un seul groupe parlementaire à la Chambre au cours du dernier mandat, était estimée à 21 sièges, ce qui fait progressivement de Groen-Ecolo un bloc qui peut former des majorités. Ce ne sont évidemment que des sondages, mais sur le site Poll of Polls, il est clair que ce score n’est pas tant une coïncidence que le résultat d’une tendance verte à la hausse qui s’est lentement dessinée ces dernières années.

Plus important, le vert et le bleu ne sont pas seulement très proches l’un de l’autre sur le spectre des couleurs, mais aussi sur le plan électoral. Tous deux visent la « bourgeoisie bionade », comme on l’appelle parfois en Allemagne : un public de jeunes hautement qualifiés, entrepreneurs et cosmopolites. « Par un jour comme celui-ci, nous sommes tous des citoyens du monde « , twittait le ministre Alexander De Croo le mois dernier depuis Johannesburg.

https://twitter.com/alexanderdecroo/status/1069304591639093249Alexander De Croohttps://twitter.com/alexanderdecroo

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Ce lubrifiant sera nécessaire si Open VLD et Groen entrent vraiment ensemble au gouvernement, car la distance socio-économique entre les deux est considérable. Si les libéraux s’approchent de la ligne rigide revendiquée par la N-VA ces dernières années, le cap de Groen est beaucoup plus à gauche à cet égard et le parti est radicalement opposé aux propositions telles que la dégressivité des allocations de chômage.

Au niveau du style politique, la différence est également évidente. Groen représente la faisabilité organisée de la société, alors que l’Open VLD estime qu’il ne faut surtout pas trop imposer aux gens. Chez Groen, les poêles à bois doivent céder la place aux alternatives respectueuses de l’environnement et Gwendolyn Rutten souhaite « gewoon doen » (juste faire) : « Il y a des milliers d’années qu’on fait du feu. »

Il semble que le président de la N-VA Bart De Wever redoute l’axe vert bleu. Il a fait part à la VRT de son intention de se mobiliser contre lui « et de dire que la fête n’aura pas lieu ». C’est un jeu auquel il a déjà été forcé de jouer lors de la dernière campagne électorale. Toujours à Anvers, la N-VA craignait une large coalition avec la gauche, baptisée « le dragon à quatre têtes » CD&V-SP.A-Groen-PVDA par De Wever. En fin de compte, cela ne s’est pas produit, car l’électeur a battu les cartes en faveur de la N-VA.

Autre parallèle avec Anvers : là aussi, le parti de gauche à craindre n’était pas tant sp.a qu’un Groen résurgent, apparu comme l’opposant le plus important de la N-VA dans le débat identitaire. Mai 2019 pourrait représenter le choix entre le modèle N-VA critique envers la migration et le cosmopolitisme de Groen.

Au niveau fédéral, le travail de comptage est encore plus compliqué qu’à Anvers. À en croire le dernier sondage, une coalition de CD&V, MR, Open VLD, Ecolo et Groen souffre d’un déficit de 14 sièges pour atteindre une majorité – même avec le petit CDH, les 76 sièges nécessaires ne sont pas encore disponibles. Si l’orange bleue et l’axe bleu-vert veulent se passer de N-VA, la famille socialiste revient aussi. Soit, la N-VA seule contre tous.

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