© dr

L’artisan wallon qui a séduit le milliardaire taïwanais

Barbara Witkowska Journaliste

Le Chimei Museum, plus grand musée d’Asie dédié à l’art occidental, vient d’ouvrir ses portes à Taïwan. On y découvre également une section  » musique  » avec sa fabuleuse collection d’instruments anciens. Sa scénographie a été confiée à Benoît Paulis, artisan wallon basé à Stavelot, fabricant et restaurateur d’instruments de musique mécanique.

Bâtisseur d’un immense conglomérat industriel à Taïwan, Wen-Long Shi (87 ans) est passionné d’art occidental. Il a réuni une collection d’oeuvres d’art éblouissante. Mélomane, conquis par la musique classique occidentale, il a aussi la plus importante collection privée d’instruments de musique au monde (dont des stradivarius et guarnerius rarissimes).

En 1977, l’industriel-mécène crée la Chimei Culture Foundation pour promouvoir ce qu’il appelle « appreciable music and appreciable art ». La branche « musique » se donne pour objectif d’enrichir la collection d’instruments, de former des musiciens, d’animer des master classes, d’organiser des concerts et de prêter des instruments à des musiciens talentueux. La branche « art » s’attache à compléter les collections d’objets et d’oeuvres d’art qui retracent l’histoire de l’art en Occident, de l’Egypte ancienne aux maîtres impressionnistes. Quinze plus tard, au début des années 1990, la Fondation devient musée. Se pose alors la question : où exposer ces milliers de trésors d’une beauté exceptionnelle ? Dans ce qui sera un « vrai » musée de 12 000 m² dans le Tainan Metropolitan Park, situé au sud de l’île de Taïwan. Le musée Chimei (« A Museum for All ») a ainsi été inauguré en février dernier avec pour l’ambition de contribuer à « l’éducation artistique du peuple taïwanais ». Message bien reçu car 5 000 visiteurs y sont au rendez-vous chaque jour.

Le musée, construction antisismique en marbre d’inspiration néoclassique, a fière allure avec ses nombreuses références françaises et italiennes. Avant d’y pénétrer, les visiteurs flânent dans des jardins extrêmement ordonnés à la française, contemplent la fontaine d’Apollon (exactement pareille que celle à Versailles), puis arpentent un pont évoquant celui de Sant’Angelo à Rome. Une vaste allée bordée de statues issues du panthéon grec, réalisées en marbre de Carrare, mène à l’entrée du palais-musée. Il abrite cinq départements : histoire des civilisations passées (Egypte, Grèce, Rome, Chine), histoire naturelle, armes anciens (dont une superbe collection d’épées et d’armures de samouraïs), peintures et sculptures occidentales (des chefs-d’oeuvre comme L’Abandon de Camille Claudel, Le Baiser d’Auguste Rodin et des toiles d’El Greco, Degas…) et instruments de musique (dont 1 750 violons, altos et violoncelles).

Ce prestigieux contenu a fait l’objet d’un exceptionnel travail préparatoire d’inventaire et de restauration En mobilisant les technologies d’aujourd’hui, Chimei a été conçu pour devenir le musée majeur d’Asie. Wen-Long Shi s’est donc entouré de consultants occidentaux triés sur le volet. Un expert suisse s’est chargé du département des armes, Gilles Perrault, expert et conservateur français, s’est occupé des arts plastiques. Quant à la scénographie du département « musique », elle a été confiée à Benoît Paulis, fabricant et restaurateur d’instruments de musique mécanique à Stavelot. Un choix qui allait de soi : le milliardaire-mélomane et l’artisan wallon sont depuis longtemps sur la même longueur d’onde.

Le récit dans Le Vif/L’Express de cette semaine

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire