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L’armée belge s’efforce de remobiliser sa réserve

L’armée belge a entrepris de redynamiser sa réserve, largement négligée depuis la fin de la Guerre froide et la professionnalisation de ses effectifs – en baisse constante -, afin d’apporter de précieux renforts à ses unités lors de missions, principalement en Belgique, mais aussi, dans une moindre mesure, à l’étranger.

La réserve compte actuellement 5.265 personnes. Ce sont principalement d’anciens militaires ayant quitté le service actif ou des réservistes « historiques », qui ont poursuivi leur engagement après la suspension du service militaire en 1995, a indiqué la Défense à l’agence Belga.

En 2004 s’est ajoutée une réserve composée de militaires recrutés directement sur le marché du travail, des spécialistes disposant de compétences spécifiques. Mais seuls 1.171 d’entre eux appartiennent, toutes composantes confondues, à la réserve « entraînée », selon les chiffres du ministère de la Défense. Et tous ne sont pas directement engageables en opération.

La « vision stratégique » qui dessine les contours futurs de l’armée, approuvée en juin 2016 par le gouvernement, envisage de recourir davantage à une réserve « réactivée » afin de « fournir une capacité supplémentaire ponctuelle en période d’engagement (opérationnel) soutenu ».

L’initiative la plus ambitieuse pour concrétiser cet objectif revient à la composante Terre qui a entrepris de mettre sur pied une véritable réserve opérationnelle de cinq compagnies d’infanterie légère (envions cinq fois 120 personnes), chacune d’entre elle étant rattachée à un bataillon de manoeuvre. Elles doivent fournir un « renfort ponctuel afin d’assurer la sécurité intérieure ».

Un projet-pilote a été lancé cet été par le bataillon 12ème de Ligne Prince Léopold-13ème de Ligne de Spa. Il a permis de commencer à former une septantaine de réservistes opérationnels, tous volontaires, a indiqué le commandant de la composante Terre, le général-major Marc Thys, à l’agence Belga. Lorsqu’ils sont rappelés, ces réservistes disposent du même statut pécuniaire que leurs collègues d’active, a-t-il souligné.

Pour rendre la réserve plus attractive et plus accessible aux candidats, le général Thys suggère des modifications à la réglementation. Mais il estime aussi que la Défense doit renforcer ses contacts avec les employeurs, afin de les convaincre d’autoriser leur personnel à se porter volontaire pour servir au sein de la réserve.

La Marine est également à la recherche de davantage de réservistes. Elle a présenté fin novembre la nouvelle structure de sa réserve, qu’elle veut plus « flexible », sous la devise « Tribord 10, gouvernez 2030 ».

A côté de ses quelque 2.000 militaires d’active, la Marine compte actuellement une réserve de 113 hommes. Elle ambitionne d’atteindre le chiffre de 500 à l’horizon 2030 et recherche, précise le capitaine de vaisseau du cadre de réserve Daniel Servaty, « des personnes motivées avec des connaissances intéressantes pour la Marine ».

C’est aussi le raisonnement qui sous-tend la démarche de la composante médicale, à la recherche de réservistes souvent très spécialisés, comme des chirurgiens, éventuellement pour les envoyer en opérations humanitaires à l’étranger – pour peu qu’ils disposent aussi de l’entraînement militaire ad hoc.

La plus petite des quatre composantes de l’armée ne compte que 105 réservistes. Mais ses besoins sont supérieurs à ce nombre, reconnaît son « patron », le médecin général-major Pierre Neirinckx.

« Nous recherchons des compétences dans des domaines qui nous intéressent », résume-t-il. Mais lui aussi estime que la règlementation devra évoluer, afin d’accorder un statut pécuniaire spécifique, adapté à ces spécialistes lorsqu’ils rejoignent les rangs de l’armée.

La future réserve s’appuiera sur trois piliers

La future réserve des forces armées, telle qu’envisagée par l’état-major de la Défense dans des études conceptuelles en cours, reposera sur trois piliers.

Chacune aura ses propriétés en matière de formation, d’entrainement et de possibilités d’engagement, précise-t-on de source militaire:

– la réserve spécialisée, composée de personnes disposant de compétences spécifiques existant dans le secteur privé, qui intéresse principalement les composantes Marine et médicale. Cette dernière recherche notamment des spécialistes susceptibles d’accompagner les détachements envoyés en opérations « humanitaire » à l’étranger, pour peu qu’ils disposent aussi de l’entraînement militaire adapté;

– la réserve d’appui, rassemblant des personnes occupant des fonctions plus génériques;

– la réserve opérationnelle, plus spécifique à la composante Terre et qui devrait à terme comprendre une compagnie de réservistes – environ 120 personnes, soit 600 au total – au sein de chacun des cinq bataillons de manoeuvre, principalement pour des tâches définies comme « l’aide à la Nation » (garde et protection de points sensibles, intervention lors de catastrophes et de situations de crise). Ces bataillons sont celui des Chasseurs ardennais et le 1er/3e Lanciers, tous deux casernés à Marche-en-Famenne, le 12e de Ligne Prince Léopold-13e de Ligne de Spa et deux unités stationnées à Bourg-Léopold (Limbourg): les bataillons Libération/5e de Ligne et celui des Carabiniers-Grenadiers.

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