Taïwan est le premier territoire asiatique à légaliser les mariages homosexuels © istock

Journée mondiale contre l’Homophobie et la Transphobie

Stagiaire Le Vif

Le 17 mai est la Journée mondiale de Lutte contre l’homophobie et la transphobie. Cette journée a pour but de promouvoir des actions de sensibilisation et de prévention pour lutter contre toute discrimination.

On observe une évolution positive au niveau de la reconnaissance des personnes LGBTQI (Lesbiennes, Gays, Bi.e.s, Trans, Queers et Intersexué.e.s) ces dernières années, mais les actes homophobes et transphobes existent toujours dans la vie quotidienne: agressions verbales ou physiques dans les écoles, le milieu familial ou dans la rue.

Ces dernières semaines, on a beaucoup entendu parler des persécutions contre les homosexuels en Tchétchénie (qui fait partie de la fédération de Russie). Des dizaines d’hommes y auraient été arrêtés, torturés ou même tués. Le régime est opposé à toute pratique et démonstration d’actes homosexuels. Il existe d’ailleurs une loi russe qui interdit la propagande homosexuelle auprès des mineurs depuis 2013. Cette législation empêche les médias ou les enseignants de débattre autour de ce sujet. Même dans les villes le plus ouvertes sur le monde, comme Saint-Pétersbourg, on peut lire à l’entrée de certaines boutiques : « entrée interdite au pédé ».

Dans certains pays l’homosexualité est passible de la peine de mort

La Russie n’est pas un cas isolé, le Moyen-Orient reste l’une des régions les plus restrictives envers la communauté LGBTQI. Là-bas, l’extrémisme fait des ravages et les membres de cette communauté en sont les premières victimes. En Iran et en Arabie Saoudite, l’homosexualité reste passible de la peine de mort.

Dans les autres pays du Moyen-Orient, elle est punie par de lourdes peines de prison. C’est aussi le cas en Inde où les homosexuels subissent de grandes violences au quotidien contre lesquelles ils ne peuvent pas porter plainte, puisque l’homosexualité est un crime passible de prison. Alors que pour les transgenres l’Inde est très avancée, car elle reconnaît un troisième genre sur de nombreux documents officiels. L’explication se trouve dans les textes religieux : de nombreux transgenres sont vénérés dans de nombreux textes sacrés hindous.

La Belgique solidaire

Face à cette situation désastreuse pour la communauté LGBT dans certains pays, certains font le choix de quitter leur pays. Depuis les événements en Tchétchénie, une solidarité se met en place, et la Belgique s’engage pour cette cause. Avec sa thématique « Crossing Borders » (traverser les frontières) pour la Pride qui a lieu le 20 mai, Bruxelles souhaite sensibiliser la communauté LGBT et ses alliés aux conditions de vie et aux épreuves que traversent les réfugiés LGBT, aussi bien dans leur pays qu’à leur arrivée en Belgique.

Si on se compare avec d’autres pays du globe, on semble bien sûr avancé à ce propos, mais dans la vie de tous les jours pourtant, de nombreux aprioris persistent. Des initiatives sont menées pour une meilleure information et sensibilisation, il y a aussi des associations ou des groupes de paroles qui permettent d’accompagner ceux qui le souhaitent. Le CHE par exemple est un cercle d’étudiants et de jeunes à l’ULB qui accueille des personnes LGBTQI.. Le cercle organise différentes activités : visionnages de film, soirées papote, conférences, karaokés, etc.. L’objectif est surtout de briser l’isolement et permettre des moments d’échange et de partage :

« Même en Belgique il n’est pas toujours facile d’assumer son identité de genre ou son orientation sexuelle » explique Jonas Van Acker, membre du CHE et vice-président de sa fédération (les CHEFF). Il explique qu’il est difficile de faire des généralités quant à l’évolution de la lutte contre l’homophobie et la transphobie, car d’une situation à l’autre les réactions varient. « Quand j’observe la montée des idées conservatrices et extrémistes dans d’autres pays, j’ai envie de penser que la Belgique se porte bien. » dit-il, mais il explique aussi qu’il existe encore des situations où certains jeunes sont exclus de leur famille après avoir réalisé leur coming out. Il y aussi les craintes du regard de la société : peur de créer la polémique, de perdre son emploi, … On peut aussi se demander combien de personnes LGBTQI évitent de se tenir main dans la main afin d’éviter toute sorte de représailles ? Une étude menée par l’European Union Agency For Fundamental Rights évoque que 15 % des membres de la communauté LGBT en Belgique ont eu le sentiment de subir de la discrimination à cause de leur orientation sexuelle ces 12 derniers mois. Bien que les avancées législatives aillent dans le bon sens (loi pour le mariage pour tous en 2003, loi anti-discrimination en 2007 et, plus récemment, projet de loi de 2017 concernant le changement d’état civil des personnes transgenres), dans les faits, l’égalité n’est pas encore acquise.

Les cercles ou les associations LGBTQI permettent de ne pas se sentir seul. Face à ces situations, ils mettent en place des espaces solidaires où les personnes qui sont accueillies bénéficient du soutien de pairs : « Même lorsque l’entourage accepte, on ne peut pas toujours tout partager avec ces amis hétérosexuels, ils ne comprennent pas toujours les situations qu’on traverse. (… ) Si ces cercles existent, c’est que nous sommes toujours confrontés à certaines formes de violence », confie un membre du CHE. Une vidéo a été faite en partenariat par le CHE et le BEA (bureau des étudiants administrateurs) pour la journée de lutte contre l’homophobie et la transphobie. Elle revient sur les différents termes (LGBTQI) et publiera une lettre qui sera adressée à tous les étudiants.

La sensibilisation au coeur des écoles

Le cabinet d’Isabelle Simonis, ministre de l’Enseignement de promotion sociale, de la Jeunesse, du Droit des Femmes et de l’Egalité des chances, a mis en place un projet de convention pour développer le projet « GrIS » qui vise à déconstruire les stéréotypes relatifs à l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Subventionné annuellement à hauteur de 25 000 euros pour une période de trois ans, ce projet consiste à faire intervenir des personnes homosexuelles et bisexuelles dans les établissements scolaires afin qu’ils puissent raconter leur vécu aux élèves en Wallonie et à Bruxelles. L’objectif à long terme est de toucher les plus de jeunes possibles.

Océane Cordier

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