Johan Vande Lanotte © BELGA

Johan Vande Lanotte: « La Convention de Genève ne fonctionne pas dans une situation comme celle-ci »

Johan Vande Lanotte (sp.a) est bourgmestre d’Ostende depuis une bonne centaine de jours et tout ce temps il a été étonnamment silencieux. Dans les médias du moins. Mais tout à coup, tout le monde souhaite connaître son opinion.

Sur John Crombez, le président du parti, qui a exprimé son soutien au projet néerlandais de renvoyer tous les migrants qui arrivent en Grèce via la Turquie et d’en laisser entrer maximum 250 000 par an en Europe.

Mais aussi sur la jeune fille de dix-sept ans violée à Ostende par sept hommes, dont cinq Irakiens. L’affaire est sortie quand la police a trouvé les images du viol sur le téléphone de l’un des agresseurs. La victime, inconsciente au moment des faits, ne se souvient de rien. « Une affaire terrible » soupire Vande Lanotte. « Cette jeune fille a été informée de ce qui lui est arrivé il n’y a que quelques jours. C’est pourquoi l’affaire a mis du temps à sortir. »

Avez-vous immédiatement pensé aux agressions à Cologne en entendant que cinq agresseurs sur sept étaient des réfugiés irakiens?

Johan Vande Lanotte: Évidemment, je savais qu’on sortirait toutes sortes de stéréotypes. Après un tel crime, les risques de généralisation sont importants. On l’a vu récemment avec l’incident de la piscine de Coxyde. Si quelqu’un se conduit mal, on peut lui imposer une interdiction de lieu. Et s’il commet un délit, il faut le punir, et au besoin le faire expulser.

Mais ne lancez pas d’anathème contre tous les réfugiés. N’oublions pas qu’en Belgique, nous avons un problème avec le viol, et que les auteurs sont loin d’être toujours étrangers. Pensez à Marc Dutroux.

Vous prétendez que les réfugiés qui s’en prennent aux femmes sur le continent européen ne posent pas problème du tout?

Au contraire. La présence de grands groupes de réfugiés présente un risque à ce niveau. Pour commencer, beaucoup d’entre eux sont de jeunes hommes arrivés seuls. Ils présentent – du moins je le crois – un plus grand danger que les hommes qui voyagent avec leur femme.

À cela s’ajoute qu’un grand nombre d’entre eux qui viennent d’une culture où les femmes revêtent une autre position qu’ici. À leurs yeux, une femme doit se cacher, se montrer soumise et écouter ce que disent les hommes. Nous devons vraiment y travailler. Il faudra leur parler des rapports entre garçons et filles.

C’est aussi un des thèmes évoqués hier lors d’un atelier destiné au personnel de l’enseignement et du secteur de bien-être. Mais soyons tout à fait clairs, mépriser les femmes et les insulter n’est pas la même chose que les violer.

Le Secrétaire d’État à l’asile et à la Migration Theo Francken (N-VA) déclare que les personnes condamnées pour de graves délits, tels qu’un viol collectif, ne peuvent obtenir l’asile.

Je suis d’accord. Le viol collectif est un crime très grave. Un étranger qui se rend coupable de tels faits doit être expulsé dès qu’il a purgé sa peine de prison. Quel que soit son statut. Il est plus difficile d’expulser un réfugié non reconnu que quelqu’un qui n’a pas encore été reconnu, mais c’est possible si les faits sont suffisamment graves. À mes yeux, il faut qu’on le fasse.

À Ostende, on vérifie systématiquement les statuts de séjour. Récemment, j’ai demandé à la police de préparer un dossier pour expulser un homme qui a enfreint quatre ou cinq fois son interdiction de lieu et qui est condamné pour coups et blessures. Ce n’est pas évident, mais il est extrêmement important d’intervenir rapidement et fermement. En proportion avec les faits commis, évidemment.

Cette semaine, le gouverneur de Flandre-Occidentale Carl Decaluwé s’est montré très ferme quand il a appelé la population à ne plus donner à manger aux réfugiés.

Interdiction de nourrir les mouettes et les réfugiés. (soupir) C’est inconcevable. Je ne peux que penser que c’est un lapsus.

Évidemment, on ne peut favoriser l’apparition de camps de tentes. Mais personne ne viendra de France ou d’Allemagne à Bruges pour recevoir une tartine. Et je ne crois pas non plus que les navire rollon -olloff quitteront Zeebrugge à cause des réfugiés. Où iraient-ils ?

Le week-end dernier, le président du sp.a John Crombez a déclaré qu’il soutenait le plan néerlandais de renvoyer tous les migrants qui arrivent en Grèce via la Turquie. En échange, 150 000 à 250 000 réfugiés qui résident en Turquie pourraient venir légalement en Europe.

John m’a dit très clairement qu’il ne trouve pas ce plan parfait. Il voulait simplement dire qu’il faut mettre fin au chaos total. Il peut être utile de fixer le nombre de réfugiés qui peuvent venir. Mais pour moi, ce nombre doit être beaucoup plus élevé que 250 000.

Tout plafond va à l’encontre de la Convention de Genève qui stipule que chacun a le droit de chercher asile dans un autre pays ?

Vande Lanotte: La grande leçon à tirer de ces derniers mois, c’est que la Convention de Genève ne fonctionne pas dans une situation comme celle-ci. Quand il y a un conflit armé, il y a tellement de gens qui fuient qu’on ne peut pas tous leur donner asile. Donc il faut chercher des solutions pragmatiques qui nous permettent d’accueillir un maximum de gens convenablement avec le plus de pays possible. Juridiquement, ces gens pourraient se voir attribuer le statut d’expatrié.

On se réfère toujours à deux principes de base auxquels on doit se tenir: tout réfugié doit être accueilli, et dans la zone Schengen, cet accueil est soumis à des règles.

Si on prend ces principes à la lettre, on doit uniquement accueillir les réfugiés venus par la Mer du Nord ou un de nos aéroports. Les gens qui arrivent dans un autre pays européen doivent y rester. C’est simple.

Cependant, on voit en pratique que cette approche mène au chaos: certains pays accueillent un million de réfugiés et d’autres seulement cinq. Si on continue comme ça, il n’y aura plus que quelques pays qui accueillent les migrants alors que d’autres pays gardent leurs frontières fermées. En d’autres termes, ces grands principes de base ne fonctionnent pas et il est donc temps de trouver une solution pragmatique.

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