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Jean-Pascal Labille, le trouble-fête

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Il combat sur plusieurs fronts à la fois, mais quel but poursuit-il, au juste ? Peut-il conquérir la présidence du PS liégeois et en évincer Willy Demeyer ?  » Dans des conditions normales, le jeu est ouvert « , assure le secrétaire général des Mutualités socialistes, confiant dans ses chances.

Trois semaines après avoir annoncé qu’il pourrait briguer la présidence de la fédération liégeoise du Parti socialiste, Jean-Pascal Labille entretient toujours le doute quant à ses intentions. L’ex-ministre fédéral des Entreprises publiques n’exclut pas de se présenter contre Willy Demeyer, actuel président et favori à sa propre succession, mais il ne confirme pas non plus qu’il sera bien candidat. En Cité ardente, cet entre-deux étonne. Pourquoi tant d’hésitation ? « Jean-Pascal paraît déjà refroidi, glisse un décideur de l’ombre. Sans doute a-t-il testé ses soutiens potentiels et arrive-t-il à la conclusion que ceux-ci ne sont pas aussi francs qu’il l’espérait. Le problème, c’est que plus Jean-Pascal attend, plus il tourne autour du pot, plus il se décrédibilise, et moins il a de chances de gagner. »

L’objectif de Jean-Pascal Labille paraît si peu clair qu’il sème le trouble jusque dans le camp opposé, où les alliés de Willy Demeyer ne savent trop quelle stratégie adopter face à cet adversaire résolu, mais non déclaré. Peut-être, au fond, était-ce le but recherché : créer de la confusion pour mieux sortir la fédération liégeoise de sa léthargie. « La présidence de la fédération, ce n’est pas mon graal, déclare l’intéressé. Je n’en fais pas une obsession. Je ne demande pas de fonction. Mon moteur, ce sont les valeurs, même si je sais que cela peut paraître désuet. C’est d’ailleurs ce qui pose problème à certains. Il n’y a pas de prise sur moi. Il n’y a rien à dealer. Ou plutôt si, il y a le projet. Et sur le projet, je ne céderai pas. » L’homme a peu à perdre. Là réside sa force. Secrétaire général des Mutualités socialistes, président du holding régional SRIW, sans compter une brochette de mandats annexes, il s’est lui-même place hors-champ, à distance des contingences de la fédération liégeoise, ce qui le rend assez imperméable à d’éventuelles menaces (une mauvaise place sur la liste au prochain scrutin, un tarissement des subsides accordés à sa commune…). Mais cette force est aussi sa faiblesse. En-dehors de son bref passage au gouvernement, Jean-Pascal Labille n’a jamais exercé de mandat politique, ne s’est jamais présenté à une élection. Facile de critiquer sans se mouiller, ont beau jeu de ricaner ses adversaires.

Peut-il l’emporter ? « Si le Club des Cinq ne se dessoude pas, il n’a aucune chance », observe un acteur de premier plan. Coalition insolite, le Club des Cinq s’est formé en 2005. Un quintette de jeunes loups (Willy Demeyer, Alain Mathot, Jean-Claude Marcourt, Stéphane Moreau, André Gilles) s’était alors agrégé pour contenir la toute-puissance de Michel Daerden, ministre au long cours et roi déchu du PS liégeois. Depuis, malgré des tensions passagères, le Club des Cinq ne s’est jamais désuni et c’est toujours en son sein que se prennent les grandes orientations de la fédération. Certaines voix, aujourd’hui, prédisent son implosion imminente, la volonté du ministre wallon Jean-Claude Marcourt de s’en autonomiser. Pour l’heure, cela relève de la pure spéculation. « Je peux vous dire que le Club des Cinq continue d’exister. La preuve : il s’est encore réuni fin février », affirme une source bien informée.

L’enquête dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

  • l’autre handicap de Labille
  • pourquoi il agace- pourquoi il en impose
  • une poussée de fièvre alors que le PS affronte les vents contraires

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