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Jean-Michel Javaux: « Tecteo permet de sauver l’équilibre médiatique wallon »

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Dans son premier entretien depuis qu’il est à la tête de Meusinvest, l’ancien coprésident d’Ecolo se dit convaincu que la Wallonie est en plein redressement. Et défend le rachat de L’Avenir par l’intercommunale liégeoise.

Le Vif/L’Express : Cela fait six mois que vous avez pris la tête de Meusinvest…

Jean-Michel Javaux : Et je suis convaincu que la Wallonie est en plein redressement. Je suis convaincu que la Wallonie ne se redressera pas uniquement sur l’axe nord-sud, mais que Charleroi et Liège joueront un rôle majeur. Meusinvest, c’est plus de 250 entreprises, 48 millions d’euros investis dont plus de 60% en capital à risque et une série de success stories incroyables. C’est passionnant de soutenir ces petites entreprises qui ont un réel capital de croissance.

Le secteur public reste un acteur wallon important, avec des structures parfois opaques. Le rachat d’un groupe de presse par l’intercommunale Tecteo est-il révélateur ?

Je suis un ardent défenseur de la spécificité de chaque outil public. La SRIW s’occupe des grandes entreprises, la Sogepa des entreprises en difficulté, les invests permettent à de plus petites entreprises de grandir. Les gens se disent peut-être que c’est beaucoup de mandats, mais ce n’est pas le cas, les administrateurs sont très peu payés et cela concentre les énergies.

Tecteo, au départ, était une intercommunale de distribution d’électricité qui s’est ouverte à d’autres métiers : le gaz, la télédistribution. Il faut savoir ce que l’on veut dès lors que l’on demande une rationalisation des intercommunales. Logiquement, il y a des outils pour les contrôler, avec des représentants de tous les partis. Ce n’est pas normal que le conseil d’administration ne se soit pas réuni pour faire un choix aussi important. Des propositions sont sur la table pour permettre un plus grand renforcement démocratique de la tutelle, des administrateurs…

Mais le débat est plus complexe. Corelio vendait ce groupe de presse ! Les éditions de l’Avenir auraient pu être un oiseau pour le chat, atterrir dans un groupe ne garantissant pas l’emploi. Il faut faire confiance à l’indépendance des journalistes, quel que soit l’actionnaire. En tant que bourgmestre, je vérifierai que l’argent public est bien utilisé. Mais je suis aussi attentif à ce que l’on conserve plusieurs sources d’information. L’équilibre médiatique wallon était menacé.

Il reste du travail pour rationaliser les outils publics wallons ?

Nous sommes entrés au gouvernement wallon en 2009 après cinq années catastrophiques, avec des affaires partout. La déclaration de politique régionale était très ambitieuse. On a créé une école d’administration publique. Cela paraît anodin, mais je peux vous dire qu’alors, ce n’était pas dans l’air du temps. Il y a désormais des mandats limités dans le temps, sans parachute doré de centaines de milliers d’euros. Je reste profondément choqué par le fait que l’on sorte deux ou trois entreprises fédérales consolidées du périmètre du règlement de la rémunération des top managers. Etre mieux payé qu’Obama : il ne faut pas rigoler !

Chaque euro va compter pour le redressement wallon, surtout quand il est public. D’autant que l’on ne pourra pas augmenter la fiscalité pour assurer la rigueur budgétaire et prévoir les investissements nécessaires dans le climat actuel. Il ne faut pas se tromper de réponse. Il faut créer de l’emploi et relancer l’économie. Au niveau fédéral, il faut réévaluer les intérêts notionnels. C’est très bien que Microsoft ou Google s’installent chez nous, mais de tels centres ne créent pas beaucoup d’emplois et peuvent partir du jour au lendemain. Je préfère créer un terreau économique de personnes très attachées à leur terroir.

Je vais mettre les pieds dans le plat. La diminution de la déduction fiscale pour tout ce qui économise l’énergie est dramatique. La mesure avait créé énormément d’emplois dans le secteur de la construction. On casse des filières ! Et tout cela pour récupérer 300 ou 400 millions. A moins qu’il ne s’agisse simplement de faire un sale coup à Ecolo en montrant que cette mesure était temporaire ? C’est ridicule. L’efficacité énergétique n’est plus un monopole des Verts d’autant que le coût énergétique augmente bien plus que le coût salarial.

Vous serez candidat aux élections de 2014 ?

Oui, davantage à une place de soutien à la Région qu’en tête de liste. J’ai toujours dit que je resterais bourgmestre.
Une expérience ministérielle vous intéresserait ?
On y a pensé, en 2009. Je préfère être polyvalent plutôt que de m’enfermer dans une compétence. Au football, j’aimais jouer au milieu et faire des passes.

Plutôt Premier ministre ou ministre-président, donc ?

Ce serait très arrogant de le dire. Beaucoup de gens me le demandent mais honnêtement, je ne rêve pas de devenir ministre.

L’intégralité de l’interview dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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