Jean-Marc Nollet et Patrick Dupriez © BELGA/Bruno Fahy

Jean-Marc Nollet élu à la coprésidence d’Ecolo avec 93% des voix

L’assemblée générale d’Ecolo a avalisé vendredi soir le choix de Jean-Marc Nollet à la co-présidence du parti en remplacement de Patrick Dupriez. La candidature du député fédéral, proposée par l’autre co-présidente Zakia Khattabi, a recueilli 93% de votes favorables.

« Je suis touché par le résultat et la qualité du débat, par notre capacité à transcender nos différences pour en faire des forces », a déclaré M. Nollet aux militants après l’annonce du résultat. M. Nollet achèvera le mandat de l’actuelle co-présidence, élue en mars 2015. La nouvelle équipe aura en particulier la tâche de préparer le parti en vue des élections de mai 2019 et, le cas échéant, de participer à des négociations avec d’autres partis. « Je me mets dans les pas de Zakia et Patrick, et de ce qu’ils ont initié il y a 4 ans. Je ne vais pas changer de direction car c’est la bonne », a expliqué le nouveau co-président en marge de la réunion.

A huis clos, devant les militants, M. Nollet a retracé son parcours chez les écologistes et expliqué sa vision de l’écologie politique. « Il y a deux modèles de société. L’un fermé, conservateur et populiste qui se déploie, et pas seulement en Belgique, en faisant fructifier les peurs, en rejetant les chômeurs et les étrangers. C’est un modèle économique qui croit que la réponse à tout, c’est le taux de croissance. En face, il y a un modèle alternatif, écologiste pour qui, dans un monde aux ressources limitées, une croissance infinie est impossible. C’est un modèle ouvert, cosmopolite, qui ne cherche pas de bouc émissaire. Ce modèle de société, je l’ai dit aux militants, on doit en être fier », a-t-il ajouté.

Le conseil de fédération d’Ecolo a autorisé M. Nollet à terminer son mandat parlementaire tout en étant co-président par 44 voix contre trois. Il renoncera par contre à sa fonction de chef de groupe à la Chambre.

Patrick Dupriez fait ses adieux de co-président

Patrick Dupriez a fait vendredi ses adieux à la co-présidence d’Ecolo en prélude de assemblée générale qui a avalisé le choix de son successeur. Après 3 ans et demi à la tête des Verts francophones, en compagnie de Zakia Khattabi, l’homme a fait le bilan de son action. Il s’est notamment réjoui d’avoir pu refaire d’Ecolo un « parti rassemblé » après la défaite électorale de 2014.

Le duo Khattabi-Dupriez est arrivé à la co-présidence d’Ecolo en mars 2015, à l’issue d’un long processus interne d’analyse et de catharsis post-électorales. En octobre 2018, il a pu constater le chemin parcouru avec la victoire au scrutin communal: les Verts sont passée de 442 élus communaux en 2012 à 687, dont 60% de nouveaux élus et 55% de femmes, la participation à quelque 80 majorités et dix bourgmestres.

Zakia Khattabi et Patrick Dupriez
Zakia Khattabi et Patrick Dupriez© BELGA

« C’est une aventure politique, collective et personnelle depuis ce jour de juillet 2014 où Zakia m’a proposé de me présenter avec elle », a souligné M. Dupriez devant quelque 300 militants réunis à Namur. « Il ne vous a pas échappé que nous avons des personnalités différentes. On s’est dit: si on veut que ça colle, on doit pouvoir éclairer nos différences pour en faire une force ».

Les Verts doivent maintenant se préparer au scrutin législatif de mai 2019. « Tout reste à faire. Ce n’est pas parce qu’on a gagné en octobre que l’on peut se reposer sur nos lauriers », a averti le co-président.

M. Dupriez cède le relais au chef de groupe à la Chambre, Jean-Marc Nollet, ex-ministre régional et communautaire. « Il faut un finisseur », a-t-il résumé en faisant référence au rugby.

Portrait: Jean-Marc Nollet, l’infatigable attaquant d’Ecolo

Jean-Marc Nollet a été désigné vendredi à la co-présidence d’Ecolo pour y finir le mandat de Patrick Dupriez, démissionnaire. Il est l’une des chevilles ouvrières des Verts francophones depuis près de 20 ans, dont dix passés dans un gouvernement, un record pour un écologiste belge.

Jean-Marc Nollet.
Jean-Marc Nollet.© Belga

Né en 1970 à Mouscron, Jean-Marc Nollet est licencié en sciences politiques de l’UCL, où il participe activement au syndicalisme étudiant. Il présidera la Fédération des Etudiants Francophones (FEF), l’une des pépinières politiques de la Belgique francophone, en 1990-91.

En 1994, il devient secrétaire politique du groupe Ecolo au parlement de la Communauté française. A cette époque, Ecolo, emmené par le populaire Jacky Morael, bouscule un paysage politique qui se caractérise toujours par la prédominance des familles socialiste, sociale-chrétienne et libérale.

En 1999, il connaît son premier succès politique et entre dans les majorités arc-en-ciel avec les socialistes et les libéraux. Jean-Marc Nollet devient ministre de l’Enseignement fondamental et de l’Enfance dans le gouvernement de la Communauté française dirigé par Hervé Hasquin. Il fera notamment parler de lui avec un projet controversé de régulation des devoirs à domicile et le lancement d’un plan « Cigogne » de créations de places dans les crèches.

Dans un parti encore marqué par un clivage profond entre « realos » et « fundis », Jean-Marc Nollet fait assurément partie des premiers aux côtés de figures en vue de l’époque: Isabelle Durant, Marcel Cheron, Christos Doulkeridis, Jean-Michel Javaux, Philippe Henry, etc.

En 2003 et 2004, les électeurs sanctionnent lourdement les écologistes. Jean-Marc Nollet se retrouve sur les bancs de la Chambre et sera chef de groupe entre 2006 et 2009.

En 2009, les Verts, emmenés cette fois-ci par Jean-Michel Javaux, renouent avec le succès électoral. Jean-Marc Nollet est le chef de file Ecolo dans les gouvernements wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il reçoit un portefeuille fourni: développement durable, énergie, logement, fonction publique, enfance. Il mènera à bien de nombreux projets mais un dossier ne le lâchera pas et finira par empoisonner sa fin de législature: la bulle photovoltaïque héritée du gouvernement précédent. Le sujet déchire la majorité Olivier (PS-Ecolo-cdH). Les relations deviennent excécrables entre les écologistes et les centristes qui digèrent mal la troisième place prise par Ecolo sur l’échiquier wallon.

Les élections de 2014 se marquent par une nouvelle défaite d’Ecolo. Même si sa gestion du dossier photovoltaïque est pointée du doigt, l’ex-ministre est choisi comme chef de groupe à la Chambre aux côtés de l’étoile montante de Groen, Kristof Calvo. Le député mènera une opposition sans concession au gouvernement Michel qui décide de prolonger l’activité de deux centrales nucléaires promises à la fermeture en 2015. Le dossier électrise le parlement et vaudra des passes d’armes homériques entre Jean-Marc Nollet et la ministre de l’Energie, Marie Christine Marghem.

Le scrutin communal d’octobre se traduit par une progression importante d’Ecolo et permet aux Verts d’espérer une nouvelle victoire aux élections de mai 2019. Patrick Dupriez décide de passer la main pour des raisons personnelles. La co-présidente Zakia Khattabi devait proposer à l’assemblée générale du parti, conformément aux statuts, un homme wallon pour terminer le mandat de la co-présidence et préparer la prochaine échéance électorale. Après quelques jours de consultations, son choix s’est porté sur Jean-Marc Nollet.

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