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J’étais au Clean up Day à Laeken, et tout est vrai

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Mission : ramasser tout déchet trouvé au sol : mégots, gobelets, bouteilles de verre ou de plastique, emballages de chips, paquets de cigarettes.

Le déchet, un dimanche de mai, ne fait pas recette. Encore moins quand il y a des mamans à fêter. Il y a là un couple, trois volontaires venus via la fondation philanthropique de leur entreprise, un Portugais encore ému d’avoir vu son pays remporter la veille au soir l’Eurovision de la chanson. Un seul enfant, accompagné de son grand-père. Chacun reçoit une chasuble orange fluo, du plus bel effet sur la pelouse verte, une paire de gants-que-l’on-peut-garder-car-sinon-Bruxelles-Environnement-les-jette-après, un sac poubelle et une longue pince. « Le tour fait vingt kilomètres, plaisante l’un des organisateurs. On vous a prévenus ? » En fait, il ne sera pas plus long que le périmètre d’une parcelle du parc de Laeken, envahie par des louveteaux torses nus jouant au football, quelques familles assises dans l’herbe, deux-trois jeunes qui fument…

Mission : ramasser tout déchet trouvé au sol : mégots, gobelets, bouteilles de verre ou de plastique, emballages de chips, paquets de cigarettes. « C’est plutôt propre, aujourd’hui », remarque une employée de Bruxelles-Environnement alors que les sacs se remplissent pourtant à vue d’oeil.

– Et les bâtons, il faut les prendre aussi ? demande le grand-père.

– Non, ça c’est la nature, lui répond son petit-fils.

On trouve des nids de détritus autour des bancs et des poubelles. Sur les trottoirs aux abords du parc, aussi. Le petit groupe orange fluo est bien le seul à se réjouir de la présence de tant de crasses : une fois enlevées, le lieu sera propre, à nouveau.

C’est fou comme les déchets parlent des hommes. Que fait l’humain dans un parc ? Il fume, il boit, il mange. Il fait d’autres choses, sans doute, qui ne se voient pas car elles ne laissent pas de traces, ou si peu. Tiens, un préservatif…

Les promeneurs du dimanche ne bronchent pas quand passent, près d’eux, les nettoyeurs du dimanche. Tout au plus les regardent-ils comme s’il était incongru de consacrer une partie de son week-end à ramasser les crasses des autres.

– Les pommes de pin, je les ramasse ? demande le grand-père.

– Non, c’est aussi la nature, lui répond son petit-fils.

Au fil du trajet, les sacs remplis, devenus trop lourds à porter, sont posés sur le dessus des poubelles. Une équipe de Bruxelles-Environnement viendra les chercher, plus tard, en espérant que les corneilles n’aient pas commencé à y faire, déjà, leur marché.

Il fait doux et on goûterait pleinement à cette promenade si on parvenait à chasser de l’esprit cette évidence énervante : l’humain est un sacré cochon.

Sur le parking, un peu plus loin, des immondices ont organisé une réunion de famille, et il y a du monde : des bouteilles, encore, des sucettes abandonnées, des sacs plastique pleins d’on ne sait quoi, des mouchoirs en papier remplis d’on sait quoi, une sonnette de vélo rouillée, un bidon d’eau de javel entamé, un bac à fleurs sans fleurs. Des promeneurs ont pris soin de jeter leurs détritus derrière une grille, hors d’atteinte des pinces de ramassage.

– Mais, bon-papa, ton sac est rempli de feuilles et de bâtons ! s’étonne le gamin.

Il est 16 heures. Les pinces et chasubles sont rangées sur la pelouse. « Merci à tous », lance l’un des organisateurs. Photo. En regagnant la voiture, on ne peut s’empêcher de ramasser un ultime emballage de chocolat.

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