« J’ai peut-être contribué à sauver la vie de Bart De Wever »

Dans son dernier livre, notre confrère de Knack Joël De Ceulaer raconte qu’il a peut-être contribué à sauver la vie de Bart De Wever. En attirant son attention sur une énorme contradiction. « J’aime me bercer de l’illusion qu’il a dû admettre en cachette que j’avais un peu raison ».

En Flandre, ce n’est un secret pour personne : Bart de Wever ne m’aime pas. Si un jour vous lisez les billets d’humeur de mon recueil Lastpost (enquiquineur) qui vient de paraître, vous comprendrez peut-être pourquoi. Ces dernières années, je m’en suis régulièrement pris à ce brave homme. Je l’ai critiqué et même ridiculisé. Pas aussi souvent que la rédaction de Charlie Hebdo n’a ridiculisé l’autre prophète, mais assez souvent pour passablement énerver le président de la N-VA.

Je me dis qu’il existe une petite chance que j’ai contribué à lui sauver la vie. Vous riez. Vous pouvez. Mais continuez à lire avant de juger.

Du coup, je me dis qu’il existe une petite chance que j’ai contribué à lui sauver la vie. Vous riez. Vous pouvez. Mais continuez à lire avant de juger.

Le samedi 5 novembre 2011, Bart De Wever pesait 140 kilos. Le quotidien De Standaard publie un de mes articles consacrés à la Foire du livre d’Anvers. Le biologiste Mark Nelissen avait comparé la profusion de livres de cuisine à du porno. Ses propos m’avaient inspiré une opinion où je parlais de Bart De Wever. Il venait de sortir un nouveau livre, intitulé Werkbare waarden et venait de publier un billet d’humeur dans lequel il qualifiait notre admiration à l’égard de vedettes droguées de hautement inconvenante. Moi, je trouvais qu’il devait d’abord se regarder lui, lui et son addiction à la nourriture.

Pour De Wever, « la drogue devrait être liée à une image de loser, et non de gagnant. Et si les politiques donnent une image de gagnant à la drogue, il est pour le moins hypocrite de reconnaitre la toxicomanie comme une maladie à laquelle l’INAMI doit consacrer des moyens. Pour lutter contre la drogue, nous devons d’abord cesser d’en exalter la consommation » écrivait De Wever. Il trouvait scandaleux alors que l’on se divertisse des « extravagances » d’Amy Winehouse. « They tried to make me go to rehab, I said no, no, no, chantait-elle. Ceux qui en ont ri au lieu de l’obliger à temps à y aller, ont fait preuve de négligence coupable » estimait le président de la N-VA.

On nous accusera peut-être de mauvaise foi, mais ce serait totalement injustifié. Nul doute que le professeur Nelissen nous donnera raison si on applique le billet de Bart De Wever à lui-même. L’obésité est une maladie, qui coûtera encore cher à l’INAMI. La nourriture est une addiction, que l’on ne peut exalter.

Que penser alors d’un politique qui parle en riant de ses visites nocturnes à la friterie et du dilemme existentiel auquel il était confronté quand il devait choisir entre le junkfood du ‘t Draakske ou ‘t Kriekske ? Doit-on en rire ? Ou s’agit-il aussi d’une forme de négligence coupable ? »

Cependant, le hasard veut que ce soit à cette période que De Wever ai pris la décision qui lui a probablement sauvé la vie: il s’est mis à perdre du poids. À perdre beaucoup de poids. De Wever prétend qu’il s’est décidé le premier week-end de novembre 2011 lorsqu’il était dans un parc d’attractions avec ses enfants. « Je devais m’introduire dans un petit chariot, mais hélas je n’arrivais pas à faire passer la ceinture de sécurité autour de mon ventre » a-t-il avoué dans un quotidien. « C’était très embarrassant ».

Les choses se sont-elles vraiment passées ainsi? Était-ce vraiment la goutte qui a fait déborder le vase ? C’est possible, même probable. Mais j’aime me bercer de l’illusion que ce samedi 5 novembre 2011, il a aussi lu mon opinion dans De Standaard et qu’il s’est dit secrètement que j’avais un peu raison : qu’il se contredisait au plus haut point, qu’il se heurtait à lui-même.

Comme le démontrent les billets d’humeur et les opinions que j’ai consacrés au phénomène De Wever ces derniers mois, ce n’était ni la première, ni la dernière fois qu’il se contredisait. Il a été le politique flamand le plus puissant, le plus passionnant et le plus mordant de la cette décennie. C’est pourquoi il méritait le plus de critiques.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire