Fernand Huts © BELGA

« J’ai peur d’une nouvelle guerre »

Fernand Huts, l’un des plus grands patrons flamands, craint le pire pour l’Europe. « Il faut investir dans la Défense » dit-il.

Dans une interview accordée à nos confrères de Knack, Fernand Huts, patron de l’entreprise de logistique anversoise Katoen Natie qui emploie 13.000 personnes dans le monde, admet qu’il éprouve un pressentiment funeste. Selon lui, la crise européenne porte en elle les germes d’une guerre. « Le véritable problème de la Grèce c’est qu’elle a perdu sa classe moyenne » dit-il. « Et les armateurs grecs sont richissimes, dominent la plus grande partie de la flotte mondiale, mais ne paient plus d’impôts dans leur pays : ils sont partis. L’élite grecque a abandonné son pays. La Grèce ne peut pas s’en sortir. C’est impossible ».

Les opérations de sauvetage sont-elles inutiles?

Huts: Ce ne sont pas les Grecs que nous sommes en train de sauver. C’est nous. La Grèce a besoin d’argent pour rembourser les dettes, mais ce sont des dettes qu’elle a contractées auprès de pays européens. L’argent pour la Grèce tourne en rond. Il ne rapporte rien aux Grecs. Vous savez ce dont j’ai très peur? Qu’on ait à nouveau une guerre.

Avec qui?

Huts: Pour moi, ce n’est pas la question. La guerre éclate simplement. Pensez à la Première Guerre mondiale. Si en 1913 vous aviez prédit la guerre et que vous vous étiez demandé avec qui personne n’aurait pu répondre à votre question. Mais lorsque François-Ferdinand d’Autriche a été assassiné, toute l’Europe s’est embrasée. Aujourd’hui, mon pressentiment me dit que ces septante magnifiques années de paix pourraient bien être derrière nous. C’est pourquoi je plaide pour plus d’investissements en Défense.

Mais pourquoi craignez-vous la guerre?

Huts: Parce qu’en Europe tout l’équilibre des pouvoirs est perturbé. L’axe Allemagne-France a été brisé. Les Allemands ont de plus en plus à dire. L’Europe méridionale se délite. Je ne sais pas où la guerre éclatera, mais je sais que l’Europe n’a pas besoin de grand-chose pour s’embraser. En outre, on va droit vers une nouvelle crise financière, et cette fois elle ne prendra pas d’élan, mais frappera en une fois.

Aviez-vous vu venir la crise financière précédente ?

Huts: Absolument. Six mois avant la chute des banques, j’ai vu les problèmes surgir auprès des fournisseurs de prêts hypothécaires américains. En mars 2008, nous avons décidé de cesser tous les investissements, de ne plus engager personne et de nous serrer la ceinture. Quand la crise approche, il faut se préparer. Et nous avons réussi : notre chiffre d’affaires a doublé pendant la crise.

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