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Itinera, si présent mais si secret

Indépendant, ce think tank ? Des pouvoirs publics, oui. D’une certaine élite au pouvoir, moins sûr. La comptabilité de ce groupe de réflexion omniprésent présente d’ailleurs de larges zones d’ombre.

En six ans d’existence, le groupe de réflexion politico-économique Itinera Institute a pris dans le débat public une place frisant le monopole. Omniprésent dans les médias, lancé pour « identifier, défendre et construire les chemins de réformes qui garantissent une croissance économique et une protection sociale durables en Belgique et dans ses régions », Itinera fournit de multiples études destinées à faciliter la mise en place des réformes structurelles ad hoc.

Leurs auteurs sont, pour l’essentiel, des professeurs d’université et experts de haut vol, parmi lesquels les francophones Etienne de Callataÿ, économiste en chef à la Banque Degroof et chargé de cours à l’UCL et aux FNDP, à Namur, Eric De Keuleneer, patron de Credibe et professeur à la Business Solvay School, Bruno Colmant (ancien président de la Bourse de Bruxelles et professeur à l’UCL et Solvay), Jean Hindriks (professeur à l’UCL), Benoît Gailly (professeur à la Louvain School of Management)…

Trois personnes seulement figurent dans la liste de ses membres, selon le document déposé au Tribunal de Commerce de Bruxelles : le président, Bart Verhaeghe, homme d’affaires et président du Club de Bruges ; Gaëtan Hannecart, secrétaire et trésorier, entrepreneur, et Ann de Kelver, l’épouse de Bart Verhaeghe. Les deux premiers forment le conseil d’administration d’Itinera.Verhaeghe et Hannecart figurent aussi parmi les principaux soutiens financiers du think tank, avec d’autres grands patrons flamands. Le mystère le plus épais n’en règne pas moins autour des sources de financement de cette asbl qui affichait des rentrées annuelles de 1 147 000 euros au 1er juin dernier : la liste des contributeurs, récurrents ou ponctuels, a été effacée des tablettes.

Et cette opacité induit le soupçon que les donateurs sont peut-être des donneurs d’ordre. Itinera, qui dit vivre du pur mécénat, est-elle donc réellement indépendante ? Pourquoi ce secret sur la provenance de ses rentrées financières ? Les entreprises ou les particuliers qui la soutiennent déduisent-ils cette dépense dans leur déclaration d’impôts ? Et, si oui, à quel titre ? L’enquête, dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

Laurence van Ruymbeke

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