© Image GLobe

Inspection scolaire : l’invraisemblable vaudeville

Le Vif

L’examen de sélection organisé par le Selor en mai pour désigner les nouveaux inspecteurs pédagogiques n’a servi à rien : les lauréats ne pouvant accéder à la promotion qui leur était promise et ceux qui ont échoué restant inspecteurs faisant fonction. Un imbroglio qui a coûté plus de 120 000 euros.

Par Antonio Calarco

Pour tenter de mettre fin aux « désignations arbitraires » des inspecteurs pédagogiques faisant-fonction de la Fédération Wallonie-Bruxelles , pour reprendre les termes de Marie-Martine Schyns (CDH), ministre de l’Enseignement obligatoire et de promotion sociale, une épreuve de sélection via le Selor est organisée les 11 et 12 mai derniers. Un examen destiné à nommer les lauréats à la fonction d’inspecteurs. Le 28 juin, les lauréats reçoivent un courrier leur annonçant leur réussite.
Parmi les inspecteurs faisant-fonction qui se sont portés candidats, un très grand nombre, en place depuis plusieurs années, échoue. Résultat : 35 d’entre eux introduisent un recours en suspension au Conseil d’Etat. Argument : en 2012, sous l’égide de Marie-Dominique Simonet, un décret voté à l’unanimité par le parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles installait une procédure où une « épreuve-filtre » (l’examen des 11 et 12 mai donc) donnant accès à une formation de deux ans devait se solder par une épreuve finale. Recours rejeté par le Conseil d’Etat. Conséquence : le 31 juillet, Schyns désigne ses nouveaux inspecteurs et demande aux faisant-fonction de réintégrer leur poste antérieur. Mais le 12 août, elle annule la désignation ! Motif : l’arrêté du gouvernement francophone fixant le nombre d’inspecteurs, préalable et indispensable à cette désignation, n’a pas encore été pris. Dans les jours qui suivent, le gouvernement fixe le cadre d’inspecteurs et le 28 août, le ministère renouvelle la proposition d’entrée en stage aux lauréats. Le 1er septembre, ils entrent en fonction et débutent leur stage. Juste après l’introduction d’un nouveau recours devant le Conseil d’Etat par les faisant-fonction. Le 9 septembre, les nouveaux inspecteurs assistent à une réunion où on leur expose les objectifs à atteindre pour l’année académique à venir. Mais le 13 septembre, la décision du Conseil d’Etat tombe : l’épreuve de mai n’évalue pas toutes les compétences du profil requis en tant qu’inspecteur et fixées par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles…
Du coup, l’entrée en stage de formation des lauréats est stoppée… au bénéfice des inspecteurs faisant-fonction qui ont raté l’examen de sélection ! Les valeureux qui l’ont réussi reprennent, eux, leur situation statutaire précédente.
« L’examen a coûté 120 000 euros », souligne la ministre. Il faut y ajouter le fait que les lauréats du réseau officiel ayant été désignés avant de retourner à leur situation professionnelle de départ ont bénéficié de trois semaines de salaire au barème de leur promotion. Cela, pour rester chez eux, le temps que le jeu de chaise musicale se termine.


Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire