Georges-Louis Bouchez (MR), Egbert Lachaert (Open Vld) et Joachim Coens (CD&V). © belgaimage

Impasse politique belge: le coup d’Etat permanent (analyse)

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

La nouvelle phase dans la crise avec la mission des trois présidents (CD&V, MR, Open VLD) est pragmatique. Mais tout cela continue à poser de sérieux problèmes démocratiques.

Les trois présidents des partis du gouvernement Wilmès (CD&V, MR et Open VLD) entament donc une énième mission afin de voir si leur minorité parlementaire peut être élargie à d’autres partis. Objectif ? Disposer d’un soutien suffisant pour porter une stratégie de relance. Deadline ? Le 21 juillet. Stratégie? Pour les partis flamands, il s’agit de voir si la N-VA ne peut pas être impliquée, ce qui ne dérange pas outre mesure le MR, qui vise le centre-droit. Mais les socialistes et les écologistes ne sont pas exclus. Bref, on recommence à partir de quasi rien, si ce n’est qu’une crise sanitaire est passée par là, que des partis ont travaillé ensemble et que l’urgence socio-économique imposera rapidement de passer à l’action. C’est une démarche purement pragmatique. Les circonstances exceptionnelles sont loi. Mais cela ne va pas sans prolonger de sérieuses questions démocratiques.

1 Le Roi, contourné, n’existe plus

Les circonstances inédites de la crise sanitaires expliquent évidemment beaucoup d’entorses faites aux institutions. Les pouvoirs spéciaux octroyés au gouvernement Wilmès permettent de contourner les procédures habituelles tout en garantissant la continuité de gestion. Le fait que le Roi, généralement à la manoeuvre en cas de crise politique, soit absent des désignations actuelles est toutefois interpellant.

Tant le duo Magnette-Rousseau que le trio actuel Bouchez-Coens-Lagaert se sont auto-proclamés. Lorsque les socialistes ont pris la main, le président du MR estimait que c’était « presque un coup d’Etat ». Le coup d’Etat en question semble devenu permanent. Olivier Maingain (DéFi) estimait ce jeudi matin que le gouvernement Wilmès devrait avoir « la décence » de démissionner. Même si le Roi est tenu informé et qu’il pourrait reprendre son rôle fin juin, quand les pouvoirs spéciaux seront révolus, ou en septembre, suite à un vote de confiance ou de méfiance.

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2 Les élections criminalisées, les citoyens de côté

Les séquences successives laissent également circonspects de nombreux observateurs car elles visent à éviter à tout prix les élections. Bien sûr, là aussi, nécessité fait loi. Il s’agit d’éviter une paralysie complète en un moment critique ou d’ajouter du chaos au chaos avec un scrutin qui risquerait de faire monter les extrêmes (PTB, Belang) et de mettre l’existence même de la Belgique en danger.

C’est toutefois faire fi du sens des responsabilités des citoyens, voire tout simplement de son droit à s’exprimer. Le politologue Pascal Delwit (ULB) soulignait hier que l’idée d’élections anticipées semble de plus en plus acquise au sein de la population ou dans certains partis, mais des déclarations se multiplient encore pour mettre en garde contre un tel scrutin : « Il ne faut pas parler d’élections si on n’en veut pas » (MR) ou « Si on ne donne pas la confiance à un gouvernement quelconque en septembre, ce sera les élections, c’est inévitable » (CD&V). De façon plus générale, les initiatives visant à instaurer davantage de démocratie participative ou délibérative restent des gadgets mis de côté quand il s’agit de parler de choses sérieuses.

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3 On nie systématiquement l’une ou l’autre Communauté

S’ajoute à cela une caractéristique propre à la complexité institutionnelle de la Belgique. Le fossé de plus en plus grand entre une N-VA poussée sur sa droite par le Belang et un PS poussé sur sa gauche par le PTB entraîne une incapacité de dialogue visiblement structurelle. Résultat ? Les solutions que préconisent les uns et les autres nient la réalité politique de l’autre Communauté.

Le gouvernement emmené par Elio Di Rupo (PS) avait ouvert la porte en état légèrement minoritaire en Flandre. La N-VA et le MR ont prolongé le bal en 2014 en décidant de mettre en place un gouvernement ultra-minoritaire du côté francophone. Depuis la crise provoquée par la N-VA, nous sommes même dirigés par un gouvernement ultra-minoritaire auniveau fédéral – seul le soutien extérieur d’autres partis a permis de traverser la crise sanitaire. Les tentations sont grandes, désormais, au sein du PS, d’Ecolo ou de Défi de rendre la monnaie de sa pièce aux nationalistes en mettant en place une coalition sans N-VA. Au nom d’un projet positif pour la Belgique, mais en laissant les deux premiers partis flamands dans l’opposition. Démocratiquement, depuis une dizaine d’années, la Belgique meurt à petit feu.

https://twitter.com/ChDeCaevel/status/1273524387363389445Christophe De Caevelhttps://twitter.com/ChDeCaevel

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