Un peu moins de vingt millions de doses ont été administrées en Belgique, avec un risque de forme grave postvaccination extrêmement limité. © BELGA IMAGE

Il y a un an, le premier Belge était vacciné: « 2021 a été meilleure grâce à la vaccination »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Fin 2020, l’Union européenne lançait sa campagne de vaccination contre la Covid-19, le début d’un contre-la-montre historique face à une pandémie meurtrière. Un an plus tard: les vaccins ont-ils tenu leurs promesses?

Le 28 décembre 2020, au terme d’une annus horribilis pour les résidents des maisons de repos, le nonagénaire Jos Hermans était le premier Belge à bénéficier du vaccin contre le coronavirus. Développé en un temps record, il représentait un espoir immense pour sortir de la pandémie, apparue fin 2019 en Chine. Aujourd’hui, plus de la moitié de la population mondiale a bénéficié d’au moins une injection. En Belgique, 8,75 millions de personnes, soit 76% de la population, ont été entièrement vaccinées. Sans surprise, les pays en voie de développement restent loin derrière les pays riches, au grand dam du directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

En Belgique, 8,75 millions de personnes, soit 76% de la population, ont été vaccinées.

Même si la vaccination n’a pas été la solution miracle permettant de retrouver la liberté promise par les politiques, ses bénéfices sont indéniables. Ainsi, une étude de l’Institut de santé publique Sciensano indique qu’ elle a permis d’éviter 30 000 hospitalisations en Belgique. Fin octobre, les personnes de 18 à 64 ans complètement vaccinées ont vu diminuer de 88% leur risque d’hospitalisation et de 93% celui de se retrouver aux soins intensifs. Chez les plus de 65 ans, il est plus élevé, mais il reste limité avec 63% d’hospitalisations et 75% d’admissions aux soins intensifs en moins. Malgré ces résultats positifs, d’aucuns mettent en doute l’efficacité des vaccins, arguant que les patients vaccinés peuvent tout de même être hospitalisés et ou que l’injection n’empêche pas la transmission du virus. Pour certains, la nécessité d’administrer une troisième dose, rendue urgente par l’émergence de la quatrième vague, à la suite de l’apparition du variant Delta puis de l’Omicron, constitue même « une preuve » de l’inefficacité du vaccin.

Le vaccin est efficace

« Personne n’a jamais prétendu que cette protection était de 100%, rappelle Sophie Lucas, immunologue et professeure à l’UCLouvain. Il y a toujours des cas parmi les vaccinés. Mais beaucoup moins, proportionnellement, que parmi les non-vaccinés. Surtout beaucoup moins de cas sévères et de décès. Ensuite, de nouveaux variants sont apparus, et on a constaté que, le temps passant, le taux de protection diminue. Ceci n’était pas complètement inattendu. Mais ce n’est pas parce que le taux de protection s’amenuise progressivement après six mois qu’il est réduit à néant du jour au lendemain. D’autre part, on a constaté qu’une troisième dose fait considérablement remonter la protection. »

Pour Yves Coppieters, épidémiologiste et professeur de Santé publique à l’ULB, il ne fait aucun doute que « l’année 2021 a été « meilleure » grâce à la vaccination ». « Nous avons pu éviter une série de formes graves aux personnes à risque et des rebonds épidémiques. Après, la vaccination n’a pas complètement rempli son cahier des charges puisqu’elle a très bien fonctionné pour la prévention des formes graves, moins sur le plan de la transmission. La vaccination n’a pas non plus empêché les personnes vaccinées de tomber malades. C’est une stratégie majeure dans la lutte contre le coronavirus, mais malheureusement, on se rend compte qu’elle ne suffit pas, et qu’il faut appliquer d’autres stratégies. »

Se dire u0022j’attends un vaccin adapté à Omicronu0022 n’est ni rationnel ni raisonnable.

Il estime néanmoins justifiées les fortes attentes par rapport au vaccin. « C’est la première fois qu’on trouve un vaccin contre le coronavirus alors que pour le VIH, par exemple, cela n’a jamais été le cas. C’était extraordinaire, et nous avons découvert les forces et les faiblesses de ces vaccins à nouvelles technologies au fur et à mesure de leur utilisation. On ne peut sûrement pas être déçus. Après, il faut laisser le temps à la science, afin d’arriver à une meilleure efficacité. »

Effets secondaires

L’année écoulée permet également de prendre du recul par rapport aux effets secondaires. Dans son dernier bilan, l’Agence fédérale des médicaments (AFMPS) indique qu’au 13 décembre 2021, elle a reçu 32 676 notifications d’effets secondaires sur 19 869 073 millions de doses administrées (8 862 234 Belges ont reçu au moins une dose). Soixante et un pour cent de ces effets secondaires étaient considérés comme non graves (fièvre, douleurs musculaires, malaise et réactions au point d’injection), 31% ont entraîné une incapacité de travail ou une obligation de quitter le domicile, 8% ont entraîné une hospitalisation.

L’AFMPS considère que, au total, quatre décès en Belgique sont probablement liés au vaccin. « Il s’agit d’un cas de syndrome d’hyperperméabilité capillaire et d’un cas de thrombocytopénie immunitaire, probablement liés à la vaccination avec Vaxzevria (AstraZeneca). Les deux autres décès sont consécutifs à un syndrome associant une thrombose et une thrombocytopénie ; ils sont survenus « après une vaccination par le vaccin Janssen et par Vaxzevria », écrit l’agence dans son rapport. Ce chiffre est-il sous-estimé? « C’est toujours compliqué de déterminer l’origine directe d’un décès, qui mêle cause principale et causes secondaires. Je ne pense pas que la vaccination soit une cause primaire de décès, mais elle peut être une cause secondaire, parce qu’il s’agit d’une personne fragile, et que c’est un élément en plus par rapport à la fragilité de son organisme. Mais à l’échelle mondiale, par rapport aux milliards de doses administrées, le risque de forme grave postvaccination est extrêmement limité », rassure Yves Coppieters.

Le variant Omicron

L’injection de la troisième dose sera-t-elle efficace contre le variant Omicron qui devrait s’imposer en janvier en Belgique? « Les premières mesures en laboratoire, qui ne sont pas suffisantes comme preuve d’efficacité, suggèrent qu’il y a une diminution de la protection contre Omicron par rapport à Delta avec les anticorps induits par les premières doses du vaccin. Cette diminution semble être en partie compensée par une troisième dose. Il faut surtout se rappeler que les mesures d’anticorps en laboratoire ne tiennent pas compte des autres éléments de l’immunité induite par les vaccins, comme les lymphocytes T, qui peuvent aussi protéger contre l’infection », déclare Sophie Lucas. Aussi conseille-t-elle vivement de se faire injecter la troisième dose. « L’efficacité ne sera pas de 100%, elle ne l’est jamais! Mais il y aura une forme de protection, ne fût-ce que contre les formes graves. » Elle rappelle d’ailleurs que la dose supplémentaire est très utile contre le variant Delta, actuellement dominant en Belgique. « Se dire « j’attends un vaccin adapté à Omicron » n’est ni rationnel ni raisonnable, car c’est maintenant qu’on a besoin de faire remonter la protection », conclut-elle. « La troisième dose est importante, et les informations sur l’efficacité vaccinale contre Omicron montrent que les personnes triplement vaccinées ont une très bonne protection. », confirme Yves Coppieters. Tous les éléments convergent vers cette troisième dose.

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